jeudi 29 septembre 2011

Miossec - Chansons Ordinaires [PIAS]

La première fois que j'ai rencontré Miossec (physiquement parlant), je venais de démarrer - le jour même - un stage de plus d'un an chez PIAS. Et le label fêtait dans un bar du IXè arrondissement de Paris la sortie de son nouvel album de l'époque, '1964', mon préféré du brestois.

Je me souviens d'un homme qui, quand je fumais une clope, en fumait deux. Et qui, quand je descendais une bière, avait déjà deux dans le gosier.
Mais ce soir là, j'avais découvert, principalement du coin de l’œil, un Miossec bien loin de l'image que certains aimaient à dépeindre à l'époque de la tournée de 'Brûle' où il avait fait beaucoup parler de lui: un mec sympathique, timide, incroyablement gentil et aussi intéressé qu'intéressant. Et presque gêné de voir tout ce monde présent pour lui.

Deux ans plus tard, je l'avais recroisé à l'After des PIAS Nites, à Bruxelles où Vitalic venait de donner un set d'anthologie (et qui donnera lieu à la première chronique écrite pour ce blog, toujours à lire ici). Moins stressé, moins timide, mais toujours charmant.
Alors qu'un ordinateur de bar passait de la musique inutile, j'avais voulu, un brin aviné que j'étais, discrètement changer la playlist, histoire de mettre plus d'ambiance dans une soirée qui ne demandait que ça. Miossec avait semble t-il eu la même idée. En m'approchant de l'ordinateur il était déjà là.
Il m'a demandé ce que je foutais là, je lui ai expliqué ce que je voulais faire, m'a gentiment repoussé en se marrant et en me disant que non c'était lui qui allait s'en charger en mettant truc et machin. Et devant mon insistance m'avait foutu une claque, avant de s'excuser hilare.

J'aurais peut-être du répondre, lui rendre la monnaie de sa pièce. Je suis même sur que ça l'aurait fait marrer encore plus. Mais j'avoue que j'étais aussi estomaqué (une baffe par Miossec!) qu'hilare.

Et puis Miossec quoi! Je le suivais à sur ses premiers albums, je le suivais encore en 2006, je le suis toujours en 2011. Je ne suis pas objectif sur ce mec. J'ai aimé ses chansons d'écorchés vifs, le calme apparent de 'L’Étreinte' (disque éreinté ici et là), la beauté et la douleur qui se dégageaient de '1964' et de la production des Valentins et de Joseph Racaille, ou le très beau 'Finistériens' avec Yann Tiersen.

Christophe Miossec sort ce mois-ci son nouvel album, 'Chansons Ordinaires'. Son huitième. Un disque qui retrouve la fougue et le rock d'antan et oublie majoritairement ses bluettes pop et très arrangées de ses derniers albums qui me touchaient beaucoup mais qui semblent en avoir lassés certains.

'Chansons Ordinaires' est une sorte de mélange entre 'Boire'/'Baiser' et 'Brûle'. On trouvera à redire sur quelques mélodies qu'il nous semble - mais où c'est la question - avoir entendu ici ou là (Chanson Pour un Homme Couvert) ou presque carrément pompée (Chanson Pour Les Amis c'est Wake Up d'Arcade Fire, même si Miossec arrive à faire sienne la mélodie). On pourra revenir sur quelques rimes faciles, mais ça serait oublier que Miossec s'est souvent amusé à ça. On pourra même dire que 'Chansons Ordinaires' n'est pas un album irrésistible.

Mais on dira surtout que ce disque a du coffre, des mélodies nerveuses, de bien belles chansons. Des à déguster sans détour (Chanson du Bon Vieux Temps), d'autres à pleurer (Chanson Qui Laisse Des Traces). Avec toujours cette voix même pas fatiguée par trop d'excès. Et c'est déjà beaucoup. Des artistes comme ça, après 16 ans de carrière, on les compte sur les doigts d'une main. Profitons en. (Sortie: 19 septembre 2011)

(A lire, d'autres chroniques notamment chez Benoit, Blake et Papa)


Site officiel

Deux chansons en écoute. Chanson du Bon Vieux Temps, un des tubes évidents de 'Chansons Ordinaires' et le douloureux Chanson qui laisse des Traces. (malheureusement plus en écoute)
 
A voir aussi, le clip de Chansons Pour Les Amis, à la mélodie qui fait plus que rappeler Arcade Fire, avec Gustave Kervern à la réalisation et, si la génétique ne ment pas, papa Miossec en guest-star:




Pour finir, l'EPK d'avant-album qui présente Chanson d'un Fait Divers :



mardi 27 septembre 2011

[Track of The Day] dEUS - Ghost

Si l'on m'avait dit que 12 ans après 'The Ideal Crash' dEUS sortirait un nouvel album plein de vie, de tonus et de mélodie, je ne suis pas sur que je l'aurais cru.

Car après trois albums de haute tenue, le groupe belge mené par Tom Barman était tombé dans des travers pleins de suffisance, tout au moins de facilité manquant indéniablement d'imagination et de fougue, 'Pocket Revolution' essayant sans succès (à une chanson près, l'excellent Bad Timing) de faire un 'The Ideal Crash 2', et 'Vantage Point' sympathique album - et presque plus inspiré que son prédécesseur - mais sans être au final autre chose que quelconque.

'Keep You Close' remet dEUS sur les bons rails. De l'ambition, de beaux hymnes (Keep You Close, Twice (we survive), Dark Sets In), des mélodies solides, des chansons bien construites, de grands moments de bravoure (ce Ghost bondiou!) et un ensemble qui rappelle - souvent - le meilleur de 'The Ideal Crash'. Sûrement pas du niveau de cet album que je porte en très haute estime et considère comme le meilleur de dEUS, mais sans rapprochant, sans coup férir, c'est évident. Et le tout avec une facilité certaine. Joie, ô joie!

Album: Keep You Close
Année: 2011
Label: PIAS


Histoire de faire les choses bien, 'Keep You Close' est en écoute totale sur le soundcloud officiel de dEUS. Si vous hésitez encore après Ghost, je ne saurais que trop vous conseiller d'écouter le très bon Keep You Close, qui ouvre l'album, ci-dessous. (malheureusement plus en écoute)

lundi 26 septembre 2011

[Track of The Day] Blood Orange - Are you Sure You're Really Busy?

Devonte Hynes n'aime pas la routine. S'attacher à un style? Pas son truc. Sortir les mêmes albums aux mêmes influences? Pour d'autres mais pas pour lui.

Après avoir fait du dance-punk (pour faire court, le groupe étant au-delà de ça) avec les Test Icicles, après sorti deux disques d'indie-folk-pop plutôt classiques - et réussis - sous le nom de Lightspeed Champion, Devonte Hynes, ses grosses lunettes sur le nez, change a nouveau de registre en enregistrant un disque de pop-funk-wave sous le nom de Blood Orange. Toujours chez Domino (la seule chose finalement stable chez Devonte Hynes).

Et ce premier album, 'Coastal Grooves', est plutôt une réussite. «Plutôt» dans le sens où, comme à chaque fois avec Devonte Hynes il y a à boire et à manger avec des passages pas franchement passionnant et que l'on peut aisément zapper (tout le milieu du disque en fait).
Mais globalement, 'Coastal Grooves' tient la route, aidé par un dernier tiers de haute volée, d'où se détache pourtant un somptueux Are you Sure You're Really Busy?. 

Album: Coastal Grooves 
Année: 2011 
Label: Domino

A voir aussi, Sutphin Boulevard, premier single et premier clip de Blood Orange, à l'imagerie scotchée dans les années 80. Forcément :



jeudi 22 septembre 2011

[Track of The Day] R.E.M. - Leave



Pas que la séparation d'R.E.M. me bouleverse plus que ça (j'ai parcouru en diagonale leurs derniers albums sans y trouver ni saveur ni génie), mais elle donne l'occasion de replonger dans leur belle discographie, longtemps sans grandes failles. Hommage donc avec ce Leave, climax de 'New Adventures in Hi-Fi', l'album parfait de la rentrée 1996. Et peut-être ma chanson préférée du groupe.

mercredi 14 septembre 2011

mardi 13 septembre 2011

[Track of The Day] Fanfarlo - Replicate

Le premier album ('Reservoir') de Fanfarlo, à défaut d'être une galette fondamentalement mémorable, était une réussite : genre la synthèse du meilleur d'Arcade Fire, de Beirut et d'Ed Harcourt. De belles ritournelles, des morceaux très accrocheurs et un ensemble long en bouche.

Deux ans plus tard et un buzzounet qui aura suivi leur signature sur un label - leur donnant ainsi une visibilité qu'ils méritaient, les Fanfarlo remettent le couvert. Et de manière audacieuse, avec ce Replicate insidieux, léger et pesant à la fois et aux cordes rappelant le This Is The Dream Of Win And Regine de Final Fantasy. Et premier extrait d'un second album à venir prochainement. Vendu! 

Album: -
Année: 2011 
Label: Canvasback 

Replicate des Fanfarlo est aussi disponible via le clip suivant :



lundi 12 septembre 2011

[Track of The Day] Florent Marchet - Ground Zero

Il y a beaucoup d'évènements importants qu'on oublie. Et d'autres aussi importants mais parfois tout aussi anodin qui restent gravés dans nos mémoires. On se souvient de tout: de l'endroit où l'on était, aux personnes à qui l'on a parlé, nos réactions sur le moment.

Je me souviens de l'annonce de la mort de Bérégovoy car un épisode de Beverly Hills avait été coupé pour un flash spécial (jamais vu la fin de cet épisode soit dit en passant). Je me rappelle de l'annonce de la mort d'Yves Montand (et pourtant même mes parents n'étaient pas fans), coincé que j'étais dans la voiture parentale, sous la pluie, arrêté à un feu rouge.
La majorité a sans doute oublié ces deux évènements mais moi, bizarrement, ces deux annonces se sont imprimées dans ma mémoire pour je ne sais quelle(s) raison(s).

Par contre, tout le monde se souvient de ce qu'il faisait au moment où il a appris les attentats du 11 septembre.
Pour ma part, je rentrais du boulot, j'allais commencer à faire ma valise pour partir vivre un an dans le trou du cul de l'Angleterre (Coventry, here I come), j'étais passé rapidement au McDo pour ne pas avoir à me faire à bouffer. Je ne l'ai jamais mangé d'ailleurs.
Je suis resté scotché comme tous devant ma télé, ne comprenant pas trop ce qu'il se passait, je n'ai pas compris non plus quand le deuxième avion a percuté la seconde tour. Ni quand celles-ci se sont effondrées. Je me suis dit que ceux qui avaient fait ça allaient en prendre plein la tête. Et je me suis amusé à entendre les revendications les plus insolites.

Florent Marchet lui aussi se souvient de ce moment. Et pour "l'anniversaire" des 10 ans de ces attentats, il a composé une petite chanson, sobrement intitulée Ground Zero. D'aucuns y verront un opportunisme mal placé. J'y entends pour ma part surtout une bien jolie chanson.

Album: -
Année: 2011
Label: -



Ce Ground Zero de Florent Marchet est également disponible au format Soundcloud ci-dessous (et à télécharger gratuitement en cliquant sur la petite flèche noire). (malheureusement plus en écoute)

mercredi 7 septembre 2011

[Track of The Day] Snow Patrol - Called Out In The Dark

Parce que mettre un pull le matin en partant au boulot début septembre, ça fait comme un fussoir.
Parce que l'art contemporain c'est bien mais qu'en abuser ça craint.
Parce que les vacances sont loin oui. Mais dans quel sens?.
Parce qu'on est que mercredi.
Parce que ouf, on n'est que mercredi.
Parce qu'il n'y a pas que les lundis qui sont réservés aux plaisirs - presque - coupables.

Voilà donc le retour des Snow Patrol, groupe américain aux mélodies faciles qui ont toujours plus que titillées mon intérêt. Régulièrement invité depuis deux albums - au moins - à conclure quelques épisodes de série américaines en mal d'émotion (et toujours avec réussite il faut avouer), les Snow Patrol reviennent avec 'Called Out In The Dark Ep', surprenant quatre titres aux ambitions bien différentes: deux chansons electro-rock et deux autres plus acoustiques et intimistes.

Rien de renversant ici (on zappe vite les deux chansons acoustiques) mais un Called Out In The Dark à retenir car bigrement efficace et très rentre dedans. On s'en contentera largement. Parce que. 

Album: Called Out In The Dark 
Année: 2011 
Label: Polydor 

Called Out In The Dark est également en écoute sur le lien soundcloud des Snow Patrol, ci-dessous. (malheureusement plus en écoute) 

lundi 5 septembre 2011

[Track of The Day] The Beach Boys - Heroes and Villains

1967. Brian Wilson rate son grand défi de sortir l'album pop ultime 'Smile', perdu qu'il est dans des univers parallèles découverts grace à une sur-consommation intensive de drogue en tous genres. Les Beatles gagnent la guerre, les Beach Boys ne s'en remettront pas (ou à peine) fermez le ban.

2004. Ayant réussi on ne sait trop comment à passer entre les coups de fourche de la grande faucheuse, Brian Wilson est toujours de ce monde au XXIè siècle. Forcément toujours torturé par un échec de près de 40 ans, il enregistre sous son propre nom son chef d’œuvre avorté, comme il le concevait à l'époque. Et s'en sort admirablement bien.

2011. Après de longues négociations et d'interminables atermoiements, Brian Wilson et toute sa clique (enfin ceux encore là) acceptent de sortir 'The SMiLE Sessions', un double-album se rapprochant très près de ce que Brian Wilson voulait réaliser à l'époque. Alors certes, il manquera peut-être quelques voix ici et là, mais on devrait enfin avoir droit ce que les années 60 n'ont pas eu la chance de découvrir.
Mixé en mono, comme voulu par Brian Wilson, 'The SMiLE Sessions' me fait en tout cas saliver d'avance. En preview, la version remasterisée de Heroes & Villains. Vite, Capitol, la suite.

Ps: Profitons de ce post pour à nouveau crier "vive les mariés" à Payton et Lucas, stéphano-grenoblo-jurassiens qui se sont dits oui ce week-end. Qu'El Chato soit avec eux! 

Album: The SMiLE Sessions 
Année: 2011 
Label: Capitol

La petite présentation vidéo de tout ce que comptera le coffret 'The SMiLE Sessions'. Du lourd, en gros :



jeudi 1 septembre 2011

[Track of The Day] Sons and Daughters - Rose Red

Les Sons and Daughters n'avaient pas trop à se fouler pour faire mieux que leurs deux premiers albums tant ils étaient aseptisés, plats, sans imagination et rentraient dans le rang sans demander leur reste, genre pour pas gêner. Bref, gentiment niais. Et encore, je suis méchant avec les niais.

Un joli naufrage (à une cover de Killer près) pour un groupe qui avait posé des bases plus que solides avec leur mini-album 'Love The Cup', superbe rampe de lancement vers le succès avec guitares agressives et mélodies "en-veux-tu-en-voilà".

A l'écoute de 'Mirror Mirror', l'espoir de retrouver les Sons and Daughters des débuts renait. Les écossais retrouvent de l'ambition artistique. Ce n'est pas encore 'Love The Cup' mais ce n'est plus du tout 'The Gift' ou 'The Repulsion Box'. Le groupe refait vraiment sonner guitares et basse, n'épure pas leurs sons à travers une production tiédasse et propose au contraire là un album aussi rentre-dedans que lascif, 'Mirror Mirror' alternant entre ces deux ambitions.

Peut-être pas assez pour en faire un album mémorable (quoiqu'il a de sacrés bons moments). Mais assez pour enfin croire que les Sons and Daughters ont retrouvé la trace des rails perdus de vue il y a déjà six ans. 

Album: Mirror Mirror 
Année: 2011 
Label: Domino