mercredi 30 septembre 2009

[Track of The Day] Jon Hopkins - Light Trough The Veins

J'attendais beaucoup de cet album, vu les avis dithyrambiques que j'avais pu lire à son propos (Branche Ton Sonotone, parmi d'autres). La presque fan-attitude d'un ami globbe-trotter avait même renforcé la certitude de tomber sur un bijou.
Dernièrement, j'ai enfin posé mes oreilles sur ce 'Insides' de Jon Hopkins. Et j'avoue en ressortir déçu. L'alliage classique/electro (pour faire simple) ne fonctionne pas, l'ensemble est mal produit, l'electro qui jonche (c'est le mot) les passages dits classiques (et réussis) est rapidement insupportable par son manque de subtilité criant.
Pis, au petit jeu des comparaisons, Jon Hopkins reste en retrait par rapport à des Four Tet ('Rounds' évidemment), Ryan Teague voire même Max Richter (même si le genre est un peu différent), qui ont déjà tenté ce genre d'aventures musicales, mais avec bien plus de discernement et de touché que le londonien.
Bref, une déception assez forte dans l'ensemble que ce 'Insides' de Jon Hopkins, dont on ressortira quand même un Light Trough The Veins, belle réussite ambiante et aérienne de neuf minutes. 

Album: Insides 
Année: 2009 
Label: Domino

mardi 29 septembre 2009

[Track of The Day] Finn Andrews - Turn From The Rain

Oh la belle surprise que voilà! Après un 'Sun Gangs' décevant avec ses Veils, et de retour après une tournée américaine dans son appartement londonien, Finn Andrews compose, comme ça, sur le coin d'une table, une petit quelque chose au nom de Turn From The Rain.

Une chanson qui fait espérer à un retour en forme des Veils dans les prochains mois. Ce type a un touché mélodique incroyable quand il s'y met: la mandoline là, toute bête (Pitseleh devrait aimer), me ferait presque frisonner. Et cette façon qu'il a de rendre le tout lumineux est vraiment fascinant. On lui pardonnera donc la durée de ce Turn From The Rain (2'17 seulement) et sa fin un peu trop sèche.

Comme Finn Andrews est quelqu'un de sympathique, il propose de télécharger gratuitement cette chanson en très haute qualité, avec format au choix (mp3, Flac, Ogg, AAC ou Apple Lossless) et en ajoutant un artwork. Il appelle même à faire tourner l'info.
A l'heure où les débats sur le déclin sans fin de l'industrie musicale font rage, voilà donc une attitude surprenante, en forme de responsabilisation de public bienvenue. En espérant que nombreux sauront lui rendre la pareille la prochaine fois qu'ils passeront chez un disquaire. 

Album: - 
Année: 2009 
Label: -

La chanson est donc en téléchargement gratuit, si l'on vient cliquer ici.

lundi 28 septembre 2009

[Track of The Day] Jeremy Messersmith - Tatooine

Je ne sais pas si vous vous souvenez, mais il y a un an, j'avais évoqué ici un jeune artiste originaire du Minessota, Jeremy Messersmith.
Un garçon auteur d'un album, 'Silver City', qui m'avait vraiment plu (à tel point qu'il finira dans mon top albums de l'année), pleins de références qu'il était, des Beach Boys aux Beatles, de Sufjan Stevens à Elliott Smith.
Hier soir, alors que j'essayais tant bien que mal d'évacuer les derniers résidus de champagne de mon corps fatigué, je tombe chez Jeremy Messersmith, comme ça, par hasard.
Il venait de poster sur son site internet une nouvelle chanson, une démo semble t-il, Tatooine.
Une chanson qui aurait un lien avec la trilogie de Star Wars, dont Jeremy Messersmith est un grand fan. J'aimerais le confirmer. Mais comme je n'ai jamais vu ces fameux films en entier (en gros, j'ai du voir la moitié de 'La Guerre des Etoiles', et c'est tout), je ne m'y hasarderai pas.
Tout ce que je peux faire pour le coup, c'est juste vous inciter à écouter ce Tatooine, jolie balade pop de 2'30, idéale compagne d'un lundi ensoleillé. 

Album: - 
Année: 2009 
Label: -

Et voilà une vidéo pour illustrer ce Tatooine. Cheap à souhait.


Tatooine est en téléchargement gratuit sur le site de Jeremy Messersmith. Il suffit juste de cliquer ici.

vendredi 25 septembre 2009

[Track of The Day] Kiko - Cala Rossa

Histoire de bien se mettre dans le bain pour les soirées du week-end, et vu que cela quelques temps que je n'ai pas posté un morceau électro dans ces pages, voilà Cala Rossa, titre qui ouvre l'Ep du même nom, du grenoblois Kiko, sorti courant juin dernier et encensé par pas mal de ses confrères.
J'avais pour ma part découvert le bonhomme l'an passé avec son redoutable Slave of Mind (en écoute ici). Ce Cala Rossa, parsemé de quelques notes de glockenspiels et soutenu par un rythme incroyable, est un véritable hymne de techno minimale. Savoureux, brillant, ce titre est un appel à la fête.
On reparlera bientôt dans ses pages de Kiko, le français venant de sortir un 'Nevermind Ep' de haute volée également. 

Album: Cala Rossa Ep 
Année: 2009 
Label: Afulab

jeudi 24 septembre 2009

We Were Promised Jetpacks – These Four Walls [Fat Cat]

Mais comment font-ils? Non mais je suis sérieux! Comment l'Écosse fait elle pour sortir constamment des artistes si talentueux? Non parce que l'Écosse, c'est même pas 80 000 km² de superficie pour à peine plus de 5 millions d'habitants. Rien du tout à côté de nombreux pays, même des plus petits (les Pays-Bas ou la Belgique, deux fois moins grand, deux fois plus peuplés).

Alors comment font-ils pour aligner, années après années, au hasard johnny marr, Arab Strap, The Jesus and Mary Chain, Franz Ferdinand, The Twilight Sad, Broken Records ou James Yorkston? Grâce à la pluie quotidienne? Aux distilleries? A la bière? Aux lacs? Tout ca ne peut décemment pas être une simple coïncidence.

Dans tous les cas, il va falloir trouver. Car l'afflux continue! La preuve avec le premier album des We Were Promised Jetpacks (pourquoi faire simple etc), combo d'Edinburgh aujourd'hui à Glasgow, qui débarque férocement, toutes guitares en avant !

‘These Four Walls’ est un disque de rock-post-punk-pop très efficace (dès la première minute de It's Thunder And It's Lightning, c’est une évidence), qui navigue entre The Wedding Present et The Apparitions, avec des airs de The Twilight Sad (cette façon d’alourdir le son), le tout mené par une voix où perce parfois un accent écossais reconnaissable entre tous et quelques notes de xylophone, innocemment lâchée ici et là.

Produit par Peter Katis (le mec derrière le premier album de leurs copains de label, découverts grâce à eux, Frightened Rabbit), ‘These Four Walls’ est également un disque qui a quelques atours post-rock. Si Keeping Warm de plus de 8 mns en est l’exemple parfait, c’est surtout le triptyque de milieu d’album Conductor, A Half Built House et This Is My House, This Is My Home qui est encore plus parlant avec ses montées lentes et ses explosions finales inexorables. Du tout bon.

Bref, voilà en quelques mots sans queue ni tête un rapide aperçu de ce qui sera peut-être un futur grand groupe au nom improbable, We Were Promised Jetpacks. Certes, c’est un peu tôt, mais vu le plaisir qui ressort de l’écoute de ce ‘These Four Walls’ – j’aurais pu faire témoigner mes pieds tant je n’arrête pas de les fracasser contre mon parquet à l'écoute de cet album, j’avoue, je mettrais bien quelques piécettes sur eux, si j’étais joueur. Et puis comme en plus l'Écosse ne devrait pas tarder à dominer le monde (cherchez pas c’est comme ca), je me dis que je prends pas trop de risque au final. (sortie: 15 juin 2009)


Son :
Myspace (Trois titres de
'These Four Walls' en écoute)

Deux titres en écoute, as usual. Le nerveux Roll Up Your Sleeves et un Keeping Warm, à deux visages (malheureusement plus en écoute).


Pour finir, le clip du premier single,
Quiet Little Voices:

mercredi 23 septembre 2009

[Track of The Day] James Yorkston & The Big Eyes Family Players - Low Down In The Broom

Les années passent, James Yorkston ne trépasse pas. Pour une fois, il laisse de côté ses Athlètes et se lance avec The Big Eyes Family Players (un groupe découvert, par hasard, à la fin d'un de ses concerts) dans un album folk-traditionnel, dont il rêvait depuis des années, aux consonances parfois celtiques, simplement intitulé 'Folk Songs'.
Un disque qui est musicalement peu ou prou dans la continuité de 'When The Haar Rolls In' sorti l'an passé. Une fois de plus, c'est très beau, mélodiquement de haute tenue et touchant. Mais les compositions de James Yorkston tournent rapidement en rond sur ce 'Folk Songs'. L'album se mord très souvent la queue et ne démarre que pour mieux s'arrêter. Un peu comme sur 'Year of the Leopard' en quelques sortes.
Une production un peu moins lâche, donnant plus de corps à l'ensemble (et il y a de quoi faire pourtant avec harpe, orgue, violon ou accordéon qui se succèdent tout au long des 50 mns), aurait sûrement de rehausser le tout et de ne pas perdre l'auditeur trop rapidement.
Bref, à écouter (car il y a de très belles chansons sur cet album) mais sporadiquement et pas d'une traite pour ne pas en être déçu. 

Album: Folk Songs 
Année: 2009 
Label: Domino

mardi 22 septembre 2009

Mélanie Pain – My Name [Cinq7]

Si vous aviez été charmés par la voix féminine qui venait embellir les morceaux de Villeneuve sur le premier album - 'First Date' - de ce dernier, si vous aimez les voix un brin enfantine mais pas maniérée à la Olivia Ruiz, alors le premier album de Mélanie Pain est fait pour vous.

Découverte via Nouvelle Vague - une aventure discographique qui me laisse de marbre tant l'intérêt de reprendre des grands standards façon puzzle épuré dans un objectif vaguement branchouille me semble proche du néant, la jeune femme sort donc son premier album 'My Name' chez le nouveau label incisif de Wagram Cinq7, dont le catalogue semble chaque mois un peu plus riche.

Et ce disque de Mélanie Pain est une bien belle surprise; et à plusieurs niveaux. Musicalement d’abord. Ses chansons pop classieuse, aux moments presque soul (Bruises) et cabarets (If you knew), évitent tous les écueils du genre, pourtant inhérents à ce genre d’albums.
Surtout, la belle s’entoure bien en donnant les clés de la composition à Villeneuve sur une majorité de titres et aux 1973 sur deux chansons. Mieux, elle reprend avec délicatesse le Little cowboy d’Harry Nilsson – en le transformant en berceuse rêveuse – et convie Thomas Dybdahl sur L’espace d’un instant.

Textuellement aussi, Mélanie Pain fait fort en s’entourant notamment de Jacques Duvall – auteur de titres à succès pour Alain Chamfort, Etienne Daho ou Jane Birkin – et en composant des chansons délicates, où rien n’est jamais forcé et où tout découle avec une déconcertante légèreté.

Bien sur, comme tout grand album, ce ‘My Name’ est porté par un titre fort: Helsinki. Une chanson qu’elle chante avec Julien Doré, pour qui j'ai d’habitude une indifférence polie, mais qui apporte un souffle intéressant à cette histoire d’amour ratée et/ou passée entre deux amants à la flamme toujours bien vibrante.
Le mélange de leurs deux voix est une franche réussite : Mélanie Pain chante avec une vraie douleur, pendant que Doré porte un désespoir insondable sur chacune de ses cordes vocales. Un tube en or massif que le duo, c’est à noter, prend le temps de développer pendant plus de cinq minutes.

Alternant le français et l’anglais (avec un accent qui nous fait comprendre pourquoi nos amis anglais aiment tant nous entendre parler la langue de Shakespeare), Mélanie Pain sort là un album de très bon goût, à la finesse ravageuse.
A la sortie de dizaines d’écoutes, on se prend à rêver d’une rencontre musicale entre elle et Arnaud Fleurent-Didier. Une telle collaboration serait à n’en point douter tout bonnement miraculeuse. (sortie: 14 septembre 2009)

Nb: Une deuxième version de l'album (antérieure à celle-ci) circule, a priori sortie chez Love: pochette différente, tracklisting différent ainsi qu'une chanson de moins. Je n'ai pas réussi à en savoir plus pour le moment (à part chez Amazon).



Son :
Myspace (Cinq chansons de ‘My Name’ en écoute)
Site officiel

Deux chansons à vous mettre entre les oreilles, comme d'habitude. Forcément, Helsinki avec Julien Doré, que certains connaissent sûrement, mais dont il est décidément difficile de se passer. Et, même si le choix fut délicat (L’espace d’un instant avec Dybdahl est tellement belle) Celle de mes 20 ans, composée entres autres par 1973 (les malheureusement plus en écoute).

Et pour finir, un vidéo-clip non-officiel, basé sur la chanson La Cigarette et sur des images de Brigitte Bardot et Michel Piccoli dans 'Le Mépris' de Jean-Luc Godard en 1963:



lundi 21 septembre 2009

[Track of The Day] Conor Oberst and The Mystic Valley Band - Roosevelt Room

Dernièrement, au détour d'un forum, nous étions quelques uns à essayer de définir LE parolier des années 2000. Certains ont cité Jeffrey Lewis, d'autres Sam Beam d'Iron & Wine, tandis que peu saluaient le talent Will Sheff d'Okkervil River. Tous, avec raison.
Pour ma part, ma voix est allée à Conor Oberst, l'homme derrière Bright Eyes, et désormais l'homme derrière The Mystic Valley Band, son nouveau groupe (avant le redémarrage de Bright Eyes, avec qui il semblait arrivé au bout de la route suite au dernier 'Cassadaga') rencontré à Mexico.
Et il semble y prendre un sacré plaisir. Car si on peut lui reprocher d'être trop long (1h10 quand même!) et inégal, 'Outer South' est disque complétement jouissif et carrément addictif, tout droit sorti des années 70, avec bluesgrass, country, folk énergique, orgue électrique et solos presque pas discrets.
Surtout, cet album prouve que Conor Oberst reste affûté comme jamais stylo à la main. Il suffit d'écouter Roosevelt Room pour s'en rendre compte: une vraie protest-song, aux paroles acérées, où l'américain crache son venin avec en guise de guide Bob Dylan, dont la plume et la personnalité transpire de chaque pore des paroles de cette chanson. 

Album: Outer South 
Année: 2009 
Label: Merge

vendredi 18 septembre 2009

[Track of The Day] Delorean - Big Dipper

Ouf! J'ai eu peur et puis non, finalement. Deux jours de pluie, de températures dépassant fébrilement les 10°C, de vent glacial. Et puis ce matin, au réveil, un beau et franc soleil: l'automne n'a pas encore pris la main, l'été est encore présent.
Histoire de profiter de ces derniers instants estivaux, rien de mieux qu'un groupe barcelonais, Delorean (à ne pas confondre avec Dolorean, comme l'explique ici Leroy Brown), sorte de pendant hispanique à Phœnix, et son 'Ayrton Senna Ep'. Rien de mieux que leur electro-pop très contagieuse, où semblent percer quelques rayons de soleil.
Leur 'Ayrton Senna Ep' ne restera peut-être pas dans les annales et à tendance à parfois flirter avec ce qui se fait de pire depuis quelques années (l'horripilante lounge music). Il n'empêche qu'il reste de bonne tenue, emporté par le rythme de ces mélodies attachantes. 

Album: Ayrton Senna Ep 
Année: 2009 
Label: BCore

jeudi 17 septembre 2009

[Track of The Day] Puressence - Raise Me to the Ground

Il y a quelques jours, je feuilletais le dernier Mojo, avec Beatles, box mono, stéréo, retour à Abbey Road et tout le toutim. Et sur quoi je tombe, dans les dernières pages, essentiellement publicitaires recensant les prochains concerts, les prochaines sorties d'albums? Un encart annonçant un nouveau disque de Puressence, quatuor anglais aux mélodies rock savoureusement nerveuses qui a sorti 4 albums, dont un chef d'œuvre - si si, j'insiste - en 1998, 'Only Forever', disque totalement passé inaperçu en France (si ce n'est chez le toujours très sur Lyle avec qui j'avais déjà évoqué le sujet).
J'avais zappé le groupe depuis un 'Planet Helpless' assez moyen. Retour donc cette fois avec 'Sharpen Up Your Knives' (le titre d'une chanson présente sur 'Only Forever'), best-of à paraître en octobre prochain chez Townsend Records. Avec au programme, 17 titres et trois inédits, dont ce Raise Me to The Ground.
Je n'aime pas les best-of. Et cette chanson n'est pas fondamentale. Il n'empêche, réentendre la voix de James Mudriczki et les mélodies de Puressence est un tel plaisir que j'avais juste envie de le partager. Dont acte. 

Album: Sharpen Up The Knives 
Année: 2009 
Label: Townsend

Cette chanson est téléchargeable gratuitement et légalement sur le site du groupe (cliquez ici les zamis).

En bonus, le clip de ce Raise Me to the Ground:

mardi 15 septembre 2009

Mayer Hawthorne - A Strange Arrangement [Stones Throw]

N’allez pas croire que je suis fan de revival, mais l’actualité est ainsi faite. Après du eighties «en veux tu en voilà je vous rajoute une guitare fuzz pour le même prix ma bonne dame?», voilà donc de la soul, choyée, cajolée, bichonnée par Stones Throw, un de mes labels préférés s’il en est (mais si vous suivez ces pages, vous avez du vous en rendre compte).

Depuis quelques années, l’industrie de la musique a su s’engouffrer dans un revival black des plus enthousiasmants. Mené par l’incroyable ‘Back to Black’ d’Amy Winehouse, aidés aux ailes par les finlandais des The Soul Investigators, empli de légèreté par le surprenant ‘Rockferry’ de Duffy, le courant a pris forme, et surtout soin de laisser sur le côté de la route les moins vrais du lot – tout du moins en grande partie. Surtout, il a confirmé que, selon moi, la soul est un courant phénoménal, peut-être le seul auquel le grand public n’adhère réellement que si la sincérité est présente.

De sincérité, Mayer Hawthorne n’en manque pas. Dernier petit prodige sorti de l’écurie de Madlib et de ses copains, ce blanc bec de 29 ans, et aux lunettes toutes carrées, est originaire d’Ann Arbor dans le Michigan. Un garçon initié très jeune à la black music par son père, féru du genre, et qui ne destinait aucunement à être chanteur mais plutôt musicien.

C’est d’ailleurs là que certains pourront trouver la petite faiblesse de ce ‘A Strange Arrangement’ , premier album du jeune homme: la voix. Une voix légère, au grain assez peu orthodoxe, loin des canons du genre. Précisons toutefois, qu'à mes yeux, elle devient rapidement un atout indéniable, une marque de fabrique, aux accents qui parfois rappellent le grand Marvin Gaye.

Musicalement par contre, notre homme est renversant dès les premières notes. En faisant montre d’une loyauté sans borne envers cette soul qui l’a fait vibrer toute sa vie, Mayer Hawthorne rappelle à lui tout l’imaginaire Motown, notamment celui des Supremes (dur de ne pas penser à You Can’t Hurry Love à l’écoute de Your Easy Lovin' Ain't Pleasin' Nothin' et à Baby Love sur One Track Mind) mais aussi le fantôme de Burt Bacharach (I Wish It Would Rain notamment). Mieux il refait vivre cette période avec talent, sans vantardise aucune, avec une production soignée (une foultitude de détails, comme ces notes de guitare discrètes mais bien présentes à la fin de The Ills par exemple), clappings, cuivres chaleureux et chœurs du meilleur effet.

Bref, il a tout d’un grand. Et si ‘A Strange Arrangement’ n’est pas le chef d’œuvre de l’année, il n’en reste pas moins un solide album de revival, par un jeune homme inspiré, dont les futures aventures discographiques seront très attendues sous mon couvre-chef.
Histoire de planter un point final à cette chronique et de vous prouver qu’il n’y a pas tromperie sur la marchandise, voilà ce que déclare Peanut Butter Wolf, fondateur de Stones Throw, dj et producteur à ses heures, à propos de Hawthorne: «I think Mayer is the only artist in the history of the label that I’ve signed after hearing only two songs». Le genre de compliment qu’il est difficile d’occulter et qui vous pose un artiste. (sortie: 9 septembre 2009)


Son :
Myspace (Deux chansons de ce ‘A Strange Arrangement’ en écoute)

Et en écoute, deux chansons, deux des plus belles. Le Burt Bacharach-ien I Wish It Would Rain et l’énergique The Ills (malheureusement plus en écoute).
Pour finir, deux clips. Le premier, celui de Just Ain't Gonna Work Out, titre sorti en single et gravé sur un vinyle rouge en forme de cœur (et qui est le point central de la vidéo). Et le second, celui de Maybe So Maybe No, qui surprend par son environnement actuel:

Mayer HawthorneJust Ain't Gonna Work



Mayer HawthorneMaybe So Maybe No



lundi 14 septembre 2009

[Track of The Day] The Pains of Being Pure at Heart - Higher Than The Stars

J'avoue ne pas l'avoir fait exprès mais je suis rentré dans une thématique eighties. Après donc l'album de Blank Dogs, et le nouveau titre des Bad Lieutenant de New Order, retour sur des sensations de l'année, The Pains of Being Pure at Heart.
Non content d'avoir sorti un des albums de l'année (voir et écouter ici), ils se permettent de sortir un nouvel Ep, 'Higher Than The Stars EP', comme ça pour le plaisir. Un disque fuoriclasse: cinq chansons dont un remix du titre éponyme - avec notamment un Higher Than The Stars au côté léger et joyeux (en écoute aujourd'hui), un 103 qui fuzz à mort et un Falling Over qui ramène les Smiths dans nos esgourdes - et une pochette magnifique (une nouvelle fois).
Certains ergoteront que The Pains of Being Pure at Heart n'inventent rien. On leur répondra que la musique n'est qu'un éternel recommencement. 

Album: Higher Than The Stars EP 
Année: 2009 
Label: Slumberland

vendredi 11 septembre 2009

[Track of The Day] Bad Lieutenant - Sink or Swim

Après de multiples embrouilles, après des départs et des retours pour quelques albums bien plus que juste sympathiques, cette fois la chose semble être entendue: New Order est officiellement mort. Le départ de Peter Hook en 2006 - suite à une énième divergence d'opinion avec ces deux acolytes - a scellé le sort du groupe qui a sorti le single le plus tuant des années 80, voire plus, Blue Monday.
Faute de continuer sous leur nom originel (et ils ont bien raison), Bernard Sumner et Stephen Morris ont décidé de remettre le couvert, mais sous le nom de Bad Lieutenant (leur premier album, 'Never Cry Another Tear' devrait voir le jour le 12 octobre prochain) et en incorporant - en plus de Phil Cunningham - un certain Jake Evans (dont j'avoue ne rien savoir).
Alors certes, on ne remplace pas un bassiste comme Peter Hook comme ça. Il n'empêche, à l'écoute du premier titre disponible, Sink or Swim, une chanson qu'on dirait sortie des sessions de 'Waiting For The Siren's Call', pas extravagante mais rapidement catchy, j'ai envie d'y croire.
En plus Sumner est presque convaincant et aguicheur: «I'm very proud of it; it's a very good album. It's pretty guitary, too, because we've got three guitarists in the band». Croisons donc les doigts: «New Order est mort? Vive Bad Lieutenant comme on dit. 

Album: Never Cry Another Tear 
Année: 2009 
Label: Triple Echo

Ce premier single de Bad Lieutenant est à télécharger gratuitement et légalement en allant sur le site du groupe.

jeudi 10 septembre 2009

Blank Dogs – Under and Under [In The Red]

Il y a à peine un mois, j’étais tombé sur le derrière en découvrant le groupe d’un seul homme, Blank Dogs. Son ‘Seconds 12’’’, à l’imaginaire tout droit sorti de chez Factory, m’avait vraiment emballé. François de chez Kennel The District m’avait vivement conseillé de me jeter sur son deuxième album ‘Under and Under’. Ce que j’ai fait, vu que je suis bien élevé et que je fais confiance au gars François. Et je ne le regrette pas une seconde tant cet album confirme tout le potentiel qu'on sentait poindre sur le 12" précité.

Pourtant, de prime abord, ce ‘Under and Under’ pourra en rebuter plus d’un : un son cheap, une batterie très minimale, un synthé du même acabit, le tout dans une ambiance extrêmement lo-fi. Pourtant, dès la deuxième écoute, on est comme happé par les chansons et le talent de l’homme derrière ce projet, Mike Sniper.

Naviguant dans les eaux troubles d’un post-punk plein de distortion, cachant sa voix derrière une tonne d’effets, flirtant plus que sérieusement avec une new-wave d’une classe absolue, rappelant aussi bien les Cure, Joy Division ou New Order (par moments, on croirait entendre une ligne de basse de Peter Hook), voire même Radiohead (les quelques premières secondes The New Things font énormément penser à Airbag), Blank Dogs propose là un album de très haute volée qui, cerise sur le gâteau, est signé chez les formidables In The Red Records.

Il faudrait être aveugle pour ne pas se rendre compte que la fin de la première décennie du siècle est propice à un revival 80s. 2009 sera peut-être l’apogée de ce mouvement. Car avec des albums du niveau de ‘Face Control’ des Handsome Furs, l'éponyme de The Pains of Being Pure at Heart et de cet ‘Under and Under’ de Blank Dogs (dans des univers différents) il faudra être fort pour faire mieux. (sortie: 26 mai 2009)

Son :
Myspace (Deux titres en écoute de ce ‘Under and Under')

Deux titres en écoute, comme le veut la tradition. The New Things pour le côté post-punk, Tin Birds pour le côté new/cold-wave (malheureusement plus en écoute).
Et pour finir, la vidéo, totalement dans l’esprit, de Setting Fire to Your House:


mardi 8 septembre 2009

Sophia – There Are No Goodbyes [The Flower Shop]

En 1979, dans son sketch sur la publicité, Coluche disait la chose suivante:

«Docteur Gicquel il arrive. Toute la misère du monde! Il a dû être mazouté avec les autres oiseaux là-haut hein? Dans les dégazages. Quand y a un avion qui s'écrase dans le monde, c'est sur les pompes à Roger Gicquel! Toujours que des informations épouvantables».

Je sais la comparaison est osée mais Robin Proper-Sheppard, leader de Sophia, c’est un peu la même chose. On dirait que dès qu’une femme quitte un homme, c’est forcément la sienne, que dès qu’une histoire d’amour se termine, c'est obligatoirement pour sa pomme.

Car oui, les chansons du leader de Sophia ne sont pas des plus joyeuses, et qu’il y a à chaque fois un relent de sinistrose mêlée à un doux sentiment de dépression qui flotte dans l’air. D’ailleurs, la phrase d’accueil de son myspace est assez explicite: «Life. Death. And in between we have the desert».

Le dernier album en date – le bien nommé ‘There Are No Goodbyes’ – ne déroge pas à la tradition. Comme depuis ses débuts sous l’appellation Sophia, Robin Proper-Sheppard propose le même genre de disques: des productions aux balades indie-pop-slow-core et aux mélodies travaillées, où il vient narrer ses histoires mélancoliques et dépressives, de cœurs brisés et de rencontres ratées, toujours avec cette même voix et ce timbre qui respire le désespoir.

Et une fois de plus, ça marche ! Reprenant du poil de la bête après un ‘Technology Won’t Save Us’ décevant (mais qui contenait son lot de jolies chansons), Sophia enchante son monde et pond ici quelques unes de ses plus belles compositions (There Are No Goodbyes, Something, Signs). Et s’il n’entraîne pas dans sa chute tout son auditoire, c’est surtout grâce à ses belles mélodies qui, certes, vous arracheraient presque quelques larmes, mais qui sont au final de belles raisons d’y croire encore.

Pas dit qu’on parle énormément de cet album (PommedePin l’avait fait il y a quelques semaines de cela avec talent), pourtant il mérite d’être écouté. Et pas uniquement parce que la mélancolie est un des sentiments les plus communs à nous tous. (sortie: 27 avril 2009)

Son:
Myspace (Trois titres de ‘There Are No Goodbyes’ en écoute)
Site officiel

Deux titres en écoute pour le retour des chroniques du mardi. Le titre éponyme, There Are No Goodbyes, splendide balade déchirante, et un Signs très slow-core-pop (malheureusement plus en écoute).

lundi 7 septembre 2009

[Track of The Day] Bob Dylan - Bob Dylan's 115th Dream

En ce (presque) jour anniversaire d'un blog sans chapeau, une chanson en écoute. Mais pas n'importe laquelle. Une qui me tient particulièrement à cœur puisque le vers qui a donné le nom de ce blog est tiré de celle-ci: Bob Dylan's 115th Dream, chanson totalement hallucinée parue sur 'Bringing It All Back Home', un des chef d'œuvre du Zim.

'Bringing It All Back Home' est l'album de la rupture pour Bob Dylan. Celui où il change de style et s'éloigne du folk qui a fait son succès pour mieux s'engouffrer dans une veine rock qui va lui apporter quelques ennuis avant de rapidement le sublimer. Bob Dylan's 115th Dream est la chanson qui symbolise le mieux cette fracture: alors qu'il est parti pour chanter une nouvelle balade dont il a le secret, sa guitare folk à la main, Dylan éclate de rire au bout de quelques secondes d'enregistrement. Après avoir pleuré de rire avec une Joan Baez aussi hilare que lui (et que l'on entend au loin), le grand Bob balance un "Ok, take 2!", branche l'électricité et envoie la sauce afin de raconter les aventures épiques, burlesques et totalement surréalistes de Captain Arab.

Cette chanson est une de mes chansons préférées de la discographie de Dylan (il y a tout ce que j'aime ici: ces paroles insensées, cette façon de raconter une histoire, ce son si particulier). Voilà pourquoi je m'en suis légèrement inspiré lors de la création de ce blog. Qui fête donc ses deux ans. Et toujours sans chapeau.

Album: Bringing It All Back Home
Année: 1965
Label: Columbia

mercredi 2 septembre 2009

[Track of The Day] The Black Heart Procession - Rats

Autant vous le dire tout de suite (mais vous le savez sans doute déjà), les deux mois qui viennent vont être absolument dantesque niveau sorties d'albums. Je ne vais pas faire un name dropping aussi vain qu'inutile (et j'en ai évoqué quelques uns dans ces pages ces dernières semaines), mais il va y avoir du lourd, du très lourd, à tous les étages et dans tous les styles. Ça promet beaucoup. Avec, en guise de cerise sur le gâteau, la réédition complète - et très réussie selon les dires des chanceux qui ont eu l'opportunité d'y poser les esgourdes - du catalogue Beatles, aussi bien en mono qu'en stéréo (certes à des prix dépassant presque l'entendement).
Dernière nouvelle en date: un nouvel album (le septième) des Black Heart Procession, groupe de San Diego, à la dark pop irrésistible. Et c'est une bonne nouvelle (on n'oublie pas comme ça une chanson du calibre de Things Go On With Mistakes enregistrée en 2004 avec Solbakken ou un album comme 'Amore Del Tropico'). Pour l'instant, un titre est en écoute (et en téléchargement gratuit sur le myspace du groupe), Rats, chanson extrêmement bien produite et qui sonne vraiment. Ils ont fait mieux certes, mais cela semble annoncer quelque chose de grand, après un 'The Spell' qui m'avait personnellement laissé sur ma faim.
The Black Heart Procession
sont de retour: chouette donc. Des rentrées comme ça, j'en veux tous les ans! 

Album: Six 
Année: 2009 
Label: Temporary Residence

mardi 1 septembre 2009

[Track of The Day] The National - Ashamed of the Story I Told (Polaris cover)

Après quelques jours à crapahuter sur les hauteurs savoyardes et être coupé du monde extérieur et du monde musical (et bizarrement ça fait du bien!), après avoir appris à poser du parquet et réussi à me mettre de la peinture entre deux doigts de pieds, retour aux affaires en ce 1er septembre 2009.
Au programme pour cette rentrée, que je vous souhaite la plus belle soit dit en passant, The National, groupe au combien attachant et séduisant avec la pop (peut-être) la plus classe des dernières années. Et même si leur dernier 'Boxer' m'avait bien laissé sur ma faim, plombé qu'il était par un Fake Empire somptueux et écrasant, je reste quand même à l'affut de la moindre des nouveautés que peuvent nous pondre les américains (la preuve ici ou ).
A l'occasion de la sortie de la compilation hommage à Mark Mulcahy 'Ciao My Shining Star: The Songs of Mark Mulcahy' (au casting affolant: Michael Stipe de REM, Thom Yorke, Vic Chesnutt, Josh Rouse, Hayden, j'en passe et pas des moindres, Dinosaur Jr au hasard), fin septembre prochain, The National a repris Ashamed of the Story I Told de Polaris - un des groupes de notre homme. Une plutôt belle réussite, plus sombre et au rythme plus rapide que l'originale (et pas forcément meilleure d'ailleurs), dont le style s'éloigne de 'Boxer' pour mieux retrouver le côté plus brut de 'Alligator'. Toujours très beau, toujours très léché, toujours bien vu. Ce groupe a une classe assez folle. 

Album: Ciao My Shining Star: The Songs of Mark Mulcahy 
Année: 2009 
Label: Shout! Factory