dimanche 27 janvier 2008

[Oldies] Minnie Riperton – Perfect Angel (1974)

Pourquoi sont-ce toujours les meilleurs qui s’en vont les premiers ? Et pourquoi ai-je toujours besoin de parler dans cette partie Oldies d’artistes talentueux fauchés en plein vol ? Je dois être un peu maso.
Comme ce coté ne m’a pas quitté en passant en 2008, je continue donc sur ma lancée et essayant de mettre un peu de lumière sur une artiste (et un album) essentielle des années 70. Une chanteuse soul à la voix d’ange et qui tutoie cinq octaves (voire même cinq et demie) : Minnie Riperton.

Une artiste qui pourtant, dans sa tendre jeunesse, ne se destine aucunement à devenir chanteuse de musique populaire. Non. Vu ses prédispositions vocales impressionnantes, elle prend plutôt la voix de l’opéra et des arts lyriques.

Sauf que pendant son adolescence, et alors qu’elle officie dans le Hyde Park’s A Capella Choir, elle est repérée par Raynard Miner, un pianiste aveugle, qui la fait intégrer The Gems, un groupe signé chez Chess Records, qui connaîtra la notoriété en tant qu’un groupe de studio (souvent sous le nom de Studio Three) plus que par ses propres compositions.

Rapidement, elle quitte The Gems et rejoint The Rotary Connection, un combo rock-soul monté par le fils du président de Chess Records. Un groupe important pour elle, et qui lui donnera finalement son style et la couleur musicale de sa future carrière solo.

Une carrière qui débute par un petit bijou, en 1970, ‘Come to My Garden’, encensé par la critique de l’époque, mais qui ignore le succès donnant à Minnie l’occasion de se retirer et de partir élever ses deux enfants en Floride.
En 1973, Epic Records remet quand même la main sur elle et lui fait enregistrer un second album, ‘Perfect Angel’, dont il est question ici. Un album miraculeux et qui va forger l’aura et la célébrité de Minnie Riperton.

Et pourtant, tout n’est pas gagné d’avance. Si le disque est bon, si les critiques sont unanimes, le public, lui, ne suit pas. Et le label a beau sortir trois morceaux en singles (parmi les plus beaux de l’album), rien n’y fait. Alors qu’Epic est prêt à faire enregistrer un nouvel album à Minnie, son mari convainc les grandes pontes de laisser une dernière chance au disque en sortant Lovin’ You, bluette à la guitare, produite par Steve Wonder (présent sur plusieurs titres de l’album d’ailleurs, à la batterie, au piano ou même à l’écriture) que le couple aimait à chanter à leur fille Maya avant de la coucher.

Bien lui en prend : le succès est immédiat, les ventes explosent et le morceau truste le haut des hit-parades de l’époque (#1 aux Etats-Unis, #2 en Angleterre). La belle devient "The lady with the high voice and flowers in her hair". Et il y a de quoi. Car ce disque là est magistral. Plus que soul, il est surtout pop-soul. Il n’y a qu’à écouter les deux premiers morceaux de l’album, deux chef d’œuvres (voir plus bas) pour en être rapidement persuadé : sur Reasons, Minnie la joue limite rock avec cette guitare électrique riffeuse tandis que sur It’s So Nice (to see old friends), elle pond une merveille de délice pop, tout en douceur et en piano délicat.

Le reste de l’album est à l’avenant, toujours dans ce style un peu hybride, ni trop pop, ni trop soul, le tout surmonté de cette voix capable de monter dans les aigus comme personne sans irriter le moins du monde les oreilles de l’auditeur. Il faut l’entendre sur Seeing You This Way partir très haut ou susurrer Perfect Angel tout au long du titre du même nom. Et comme c’est une jeune fille douée pleine de bon goût, elle clôt son disque (de même pas 40 mns) par un Our Lives, Wonder-ien à mort, d’une classe barge.

Le reste de la carrière sera plus discret : les albums suivants connaissent un succès moindre (à bien moindre) même si la qualité est toujours au rendez-vous. De toutes façons, sa préoccupation numéro un n’est plus celle-là, elle qui a déjà l’intention d’engager un autre combat, beaucoup moins artistique et malheureusement perdu d’avance. En 1976, elle annonce en effet qu’elle est atteinte d’un cancer du sein, avant de succomber de la maladie trois ans plus tard, à même pas 32 ans.

Histoire déchirante donc d’une grande artiste, à qui beaucoup rendront hommage en utilisant certaines de ses chansons. Et parmi ceux là (ils sont très nombreux), on compte quand meme A Tribe Called Quest, 2 Pac, Slum Village, Talib Kweli ou Mos Def, tandis que Quentin Tarantino utilisera son Inside My Love pour la BO de Jackie Brown. Bref, du lourd. Mais il fallait bien ça pour perpétuer et célébrer la voix unique de Minnie Riperton, artiste partie beaucoup trop tôt, dont les albums, et surtout ce ‘Perfect Angel’, n’ont pas fini de revenir enjoliver plus souvent qu’à leur tour nos platines respectives.

Première sortie : 9 Aout 1974 [Epic]
Réédition : 2 mars 2004 [Stateside].
(A noter que cette réédition est une double en fait. Sur le même disque, ‘Perfect Angel’ est accompagné par ‘Adventures in Paradise’, album sorti l’année suivante, en 1975. Et le travail est plutôt de qualité, même si une réédition par album aura été préférable. Mais on se contente de ce qu’on a).

Son :
Myspace (non-officiel bien sûr, répertoriant des morceaux de fin de carrière)


Trois morceaux, parmi les neuf que compte cet album. Reasons, It’s So Nice (to see old friends) et Every Time He Comes Around. Si vous ne succombez pas, vous n'êtes pas humains :


Et pour finir, le clip. Enfin le clip. Disons plutôt le scopitone de Lovin’ You, le titre qui lui a ouvert les portes de la gloire :


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