dimanche 20 janvier 2008

[Oldies] Amnesty – Free Your Mind: The 700 West Sessions (1973)

Pour tout ceux à l’esprit ouvert et éclectique, le nom de Stones Throw dira forcément quelque chose : terre d’accueil des Madlib, Percee P et autres (feu) Jay Dee, il reste un des tous meilleurs labels hip-hop des années 2000, pleins de productions qui dépotent et d’artistes qui envoient.

Moins connu est Now Again, petit frère funk de Stones Throw, label mené de main de maître par Egon, un passionné et un fou furieux de funk, de soul et de leurs dérivés. Son but avec Now Again ? Remettre sur le devant de la scène des disques de black music passés directement par la case oubliettes, à la manière de Rhino Record (entres autres) ou des coffrets Nuggets pour le rock.

Avec une cinquantaine (en gros) de sorties depuis sa création (7’’, 12’’ et LP confondus), le label s’appuie surtout sur la réédition de quelques albums assez magistraux dont on se demande encore, comment à l’époque, le monde a pu passer à coté. Il faudra ainsi qu’un jour j’évoque dans ces pages les L.A Carnival, la palanquée de groupe originaire de Floride ou le funk made in Texas.

Mais pour commencer cette belle plongée dans les sillons des disques de chez Now Again, j’avais plutôt envie de vous parler d’Amnesty et de ce 'Free Your Mind : The 700 West Sessions'. Un album de 1973, testament d’un groupe méconnu mais ô combien estimable.

Amnesty voit le jour en 1968 quand The Embers, quatre vocalistes d’Indianapolis, fans des Temptations, choisissent de sortir du carcan dans lequel ils se sont enfermés (mais ont connu de petits succès) pour ajouter une vraie section musicale de talent afin d’envoyer tout funker un peu plus haut. C’est là qu’ils rencontrent les Crimson Tide. L’alliance des deux est une réussite artistique et décide de nommer la nouvelle entité Amnesty.

Cinq ans plus tard, après quelques séparations et rabibochages, le groupe conclue son aventure discographique avec ce 'Free Your Mind : The 700 West Sessions'. Un album qui propose un habile mélange de soul et funk (il faut écouter la profondeur de la basse, le rythme des congas et le génie de la trompette, l’instrument le plus fameux du disque), mâtiné de gospel, avec des harmonies vocales absolument terribles, dingues, souvent perchées dans les aigues mais jamais perdues. Un régal je vous dis.

Le hic, c’est que je vous vois méfiant, suspicieux. Je vous conterais donc, histoire de définitivement vous convaincre, l’anecdote suivante. Un soir qu’Amnesty ouvre pour les Jackson Five, alors en pleine montée en puissance, c’est un Joe Jackson (manager tyrannique du groupe formé de ses fils) furibard qui débaroule sur scène alors que la bande à Damon Malone aligne ses titres. Sûrement déboussolé et/ou effrayé de voir un groupe si talentueux piquer la vedette à ses poulains, il invective directement le management d’Amnesty puis de la salle de concert, menacant de ne pas faire jouer ses fils ce soir là si Amnesty n’arrete pas tout de suite. Un Joe Jackson vraisemblablement pris de panique qui préfère prendre les devants. Convaincu?

Alors oui, peut-être que ce soir là, s’ils avaient pu finir leur set, s’ils avaient eu le temps d’aller au bout, Amnesty seraient devenus énorme et n’auraient pas eu besoin d’Egon pour les sortir des tréfonds des trésors perdus et cachés de l’histoire du funk. Mais au final, qui s’en soucie vraiment ? Personne. L’important reste au final ce disque absolument parfait, petite merveille de black music, un brin psyché, aux harmonies vocales délicieuses, voix d’anges dans un écrin de cuivre. Le tout dans une alchimie parfaite. Funk’soulement votre comme on dit.

Première sortie : 1973
Réédition : 2007 (Now Again)



Et comme d’habitude (on ne change pas une équipe qui gagne), trois titres en écoutes. Commencez à vous lécher les babines avec l'enchainement Can I Help You? - Mister President (une seule écoute quotidienne pour vous le garder au fond de votre tête) et un We Have Love sensuel à souhait :



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