mardi 30 octobre 2007

Rosie Thomas - These Friends of Mine [Nettwerk]

C’est fou comme on peut-être sur les nerfs pour on ne sait quelle futile raison : un café renversé, un embouteillage interminable, des pensées négatives qui n’ont pas lieu d’être, un temps dégueulasse et particulièrement froid. Sans se mentir, on va s’avouer que ça nous arrive à tous, au moins une fois par année.

Pour être quelqu’un d’extrêmement positif, je suis pourtant dans cette phase un peu nerveuse ces derniers temps. Enfin j’étais. Va comprendre Charles. Et comme dans toutes ces périodes un peu bancales, il n’y a qu’une alternative : soit je trouve quelqu’un sur qui passer mes nerfs, soit je prends des cachets pour passer ma frustration.

Vu que mon physique de joueur de ping-pong m’empêche d’utiliser la violence, ne serait ce que verbale, et vu que la médecine et moi ça fait environ dix-sept au dernier comptage, j’ai préféré me rabattre sur ce 'These Friends of Mine', quatrième album de la charmante Rosie Thomas. A dire vrai, celui-ci est le premier disque de la demoiselle que j’écoute. Et pas le dernier. Car je suis tombé sous le charme. Totalement.

Trente-trois petites minutes de pop/folk songs mignonnettes et sans prétention, entourées d’une jolie voix pas vulgaire pour un sou, avec notamment, deux reprises, une d’REM (The One I Love) et une de Fleetwood Mac (Songbird). Un disque qui exprime grandement tout l’amour de Rosie Thomas pour la grosse pomme, cette ville de New-York qui ne dort jamais.

'These Friends of Mine' est un album joliment troussé sur lequel l’ami Sufjan Stevens, héros de l’auteur de ces lignes, vient donner plus qu’un coup de main. Il partage avec Rosie Thomas un Say Hello (voir plus bas) très proche de ses anciennes envolées de 'Seven Swans' et apporte de temps à autres son banjo ou sa voix (sur le touchant Much Further to Go notamment) et son jeu reconnaissable entre mille (et notamment sur la reprise de la bande à Michael Stipe).

Par deux fois, Rosie Thomas se montre un peu plus ambitieuse et impose le respect, avec un Kite Song plutôt superbe et un These Friends of Mine (voir plus bas-bis) qui décolle vraiment sur la fin où la belle répète à l’envie « Maybe I needed this time to be reminded for myself » avec les chœurs de Sufjan Stevens et Denison Witmer (autre grand contributeur de cet album) en soutien.

Peut-être qu’elle a effectivement, avec ce disque, trouvé matière à ce que l’on se souvienne d’elle pour son talent de chanteuse. En tout cas, sans nul doute, je m’en souviendrai. La beauté et le calme de ce 'These Friends of Mine' apaisent. Et loin d’être ennuyeux, il procure quelques jolis frissons qui viennent se loger le long de votre échine sans que vous n’ayez rien demandé. Merci Rosie Thomas. (Sortie : 13 mars 2007)

Son :
Myspace (deux titres en écoute, dont le splendide Much Further To Go)
Site Officiel (album en écoute)


Deux titres en écoute, comme à chaque fois. Grosse préférence pour le très beau titre avec Sufjan Stevens (malheureusement plus en ligne).

Et en cadeau bonux, non pas un code pour télécharger le dernier tube de
Florent Pagny, mais le clip de Pretty Dress de la même Rosie Thomas, titre sorti sur son précédant album 'If Songs Could Be Held'. Oui ça a le goût de la pop FM, ça ressemble à de la pop FM mais c'est mieux que de la pop FM :


lundi 29 octobre 2007

Track of The Day (23-29 octobre 2007)

Une playlist très éclectique cette semaine. Parce que l’éclectisme c'est bien. Même si c'est dur à prononcer au réveil. (et toujours en écoute dans le lecteur deezer, à droite).

Lundi 29 octobre 2007 :
* Low - Dragonfly [Sub Pop]
Le retour des Américains de Low. Et Dave Fridman à la prod. Un album ambitieux et maitrisé, particulièrement réussi, très torturé. Et des titres de la qualité de ce Dragonfly tout du long.
(disponible sur Drums and Guns # 2007)


Dimanche 28 octobre 2007 :
* Dj Vadim - Milwaukee [BBE]
L'album parfait pour gueule de bois carabinée, entre dub, reggae, hip-hop et electro. Milwaukee en est l'exemple parfait, petite sucrerie à la Vadim, tout ce qu'il y a de plus savoureux. Miam.
(disponible sur Sound Catcher # 2007)


Samedi 27 octobre 2007 :
* Teenage Bad Girl - Cocotte [Citizen]
La période est Daft Punk-esque, on n'y peut rien. Et c'est même plutôt très sympatoche. Le premier album de Teenage Bad Girl, plutôt très réussi dans son genre, envoie du lourd. Avec en point d'orgue ce Cocotte à faire pâlir plus d'un Justicier.
(disponible sur Cocotte # 2007)

Vendredi 26 octobre 2007 :
* Black Strobe - I'm a Man [Playlouder]
Nouvel album de Black Strobe. Tout n'est pas à garder. Mais on conservera, entres autres, cet excellent I'm a Man, rock nerveux electroïdé, à la rythmique qui rappelle Baby Did a Bad Bad Thing de Chris Isaak.
(disponible sur Burn Your Own Church # 2007)


Jeudi 25 octobre 2007 :
* The Pigeon Detectives - Romantic Type [Dance To The Radio]
Ils avaient percé en 2006 avec quelques singles pas piqués des vers. Leur premier album reprend notamment l'excellent Romantic Type. Neo-Libertines certes mais pas pâle-copie pour autant.
(disponible sur Wait For Me # 2007)


Mercredi 24 octobre 2007 :
* Dabrye - Air (feat. MF Doom) [Ghostly]
L'an passé, Dabrye a donné suite à son 'One-Two' de 2001. Histoire de ne pas faire les choses à moitié, il invite le grand MF Doom à venir poser sa voix sur le second titre. Et tout décolle. Tout ce que touche ce mec se transforme décidément en or.
(disponible sur Two-Three # 2006)

Mardi 23 octobre 2007 :
* !!! - Bend Over Beethoven [Warp]
Troisième album des new-yorkais avec ce 'Myth Takes' imparable, leur disque le plus abouti. Plus funky. Plus dansant. Et un Bend Over Beethoven des plus bandant.
(disponible sur Myth Takes # 2007)

dimanche 28 octobre 2007

[Oldies] Bob Dylan – Blood On The Tracks : New-York Sessions (1974)

Vous ne trouverez ce disque nulle part. Aucun de vos disquaires, du plus imposant au plus petit, n’aura cet album dans ses bacs. Car cet album n’est rien d’autre qu’un bootleg, un enregistrement non-officiel et jamais sorti.

Remettons les choses à leur place. En 1974, Bob Dylan n’a plus l’aura qu’il a eue dans les 60s. Devenu une (la ?) figure de proue de la musique américaine à cette époque là grâce à une quantités de classiques ('Blonde on Blonde', 'Highway 61 Revisited', 'The Freewheelin' Bob Dylan', ce genre de choses), aussitôt célébrés comme tels dès leurs sorties, Dylan se prend le virage des années 70 en pleine tronche et sans demander son reste. Il enchaîne alors les albums piteux suivis d’autres plus moyens.

Arrive donc 1974. Notre homme connaît des difficultés dans son couple et décide de donner une suite à son 'Planet Waves', sorti la même année. Les tensions du couple Sarah-Bob Dylan seront la base de cet album.
Les sessions d’enregistrements se déroulent à New-York, mi-septembre 1974. Et en 4 journées de temps (remplies jusqu’à ras bord), les dix morceaux de l’album sont mis en boite. Columbia, plutôt satisfait du résultat, s’apprête à commercialiser ce fameux ‘Blood On The Tracks’.

Pourtant, au dernier moment, Bob Dylan fait volte-face et demande à repousser la sortie du disque. Les raisons de ce revirement varient et divergent, l’explication qui revient le plus restant que le Zim aurait trouvé (suite à quelques discussions avec son frère David) l’ensemble finalement trop monotone, trop lisse et qu’il aurait souhaité un peu plus de diversité.
Sur de son fait, il réenregistre cinq titres à Minneapolis fin 1974 (You're A Big Girl Now, Idiot Wind, Tangled Up In Blue, Lily, Rosemary And The Jack Of Hearts et If You See Her, Say Hello) avec en studio beaucoup plus de musiciens que pour les sessions new-yorkaises, et sort l’album début 1975.

Bien lui en prend car ‘Blood On The Tracks’ est un succès total, aussi bien critique que commercial et permet à son auteur de sortir, sur sa lancée, les fameuses ‘Basement Tapes’, enregistrées des années auparavant avec le Band. Bref Bob Dylan est de retour, tout du moins pour un temps.

Malgré cela, il reste ces fameuses 'New-York Sessions' délaissées, qui sont devenues avec le temps un des bootlegs les plus prisés de Bob Dylan avec les 'Genuine Basement Tapes' (cinq disques de titres inédits et de prises alternatives). Un enregistrement des plus incroyables, peut-être supérieur à celui qui verra le jour officiellement. On retrouve ici le Dylan des débuts. Certes, le tout est beaucoup moins folk que par le passé (son jeu de guitare est devenu plus pop), mais le côté épuré des morceaux rappelle les prémices de ce qu’il deviendra plus tard. Tout est ici très calme, très doux. Une production des plus discrètes ajoute à l’ensemble un côté plus « vrai ».

Il suffit d’écouter Idiot Wind (voir plus bas) - clairement un de ses plus beaux titres - pour s’en persuader. Il y a ici une pudeur dans le chant et les arrangements assez incroyable, qu’on ne retrouve pas dans les versions ultérieures.

Surtout, l’ensemble est d’une cohérence sans faille, d’une qualité qui ne faiblit pas une seconde. Bien sur, 'Blood On the Tracks' reste un des plus beaux albums de Bob Dylan, c’est une évidence : les compositions, les textes ont une force folle. Et le tout est particulièrement autobiographique, quoiqu'en dise son auteur.
Mais à choisir, si je devais partir sur une île déserte, je pense que je prendrais ce disque là plutôt que l’officiel. Ici, le Zim se met vraiment à nu et n'en est que plus émouvant.

Depuis quelques années, Bob Dylan, via Columbia, réédite ses bootlegs les plus connus (le 'Royal Albert Hall Concert' de 1966 notamment). Il n’est donc pas vain d’espérer voir un jour ces sessions sortir dans un format plus traditionnel et surtout plus officiel. Histoire de découvrir un auteur apaisé et serein, beaucoup moins enlevé certes mais pas moins touchant.


Trois titres: Lily, Rosemary and the Jack of Hearts, Idiot Wind et If You See Her Say Hello. Un conseil d’écoute: avoir à portée de main son ‘Blood On The Tracks’ afin de pouvoir "comparer". Et, comme toujours avec Bob Dylan, avoir les paroles dans un coin, pour en comprendre tous les sens (aller sur ce site d'un fan français qui propose une traduction de chacun des morceaux du Zim) :




mercredi 24 octobre 2007

The Polyphonic Spree - The Fragile Army [TVT]

Nous sommes lundi matin. Alors que vous vous apprêtez à enlacer la superbe blonde qui vous fait de l’œil depuis une heure et demie, les cheveux au vent, un bruit répétitif vient arrêter net votre progression. Vous vous arrêtez, vous regardez à droite, à gauche. Rien. Le bruit stoppe. Vous vous remettez en route. Et de nouveau, ce son désagréable, stressant. Vous ouvrez les yeux. C’est votre réveil. Vous êtes dans votre lit. Pas de blonde à l’horizon. Par contre il fait froid. Vous vous rappelez qu’il va falloir penser à mettre en route le chauffage une bonne fois pour toute. On est quand même en octobre.

Le carrelage est glacé. « Un coup à attraper la mort » dirait votre grand-mère. La cuisine est en bordel. Vous lavez rapidement un bol, vous avalez votre café. Et foncez sous la douche. Et malgré tout cela, impossible de soulever plus haut ces paupières. Que faire ?

Une seule solution : se jeter sur votre discothèque, trouver le dernier album des Polyphonic Spree, 'The Fragile Army'. Ignorer l’horreur qui lui sert de pochette. Et enfoncer le disque dans votre lecteur.

Et là, l’explosion des sens. Plus fort que le guronsan. Plus puissant que l’acerola : la bande à Tim DeLaughter et leur « choral symphonic rock » (comme ils le disent eux-mêmes). Secte (inoffensive) musicale qui aime les envolées pop-rock lyrique balancées à 2000 à l'heure, les chœurs à droite, au dessus, en dessous et même au milieu. Une musique d’une efficacité à nulle autre pareille, des trompettes, des claviers, des cordes, et puis ces voix par dizaines qui n’en forment plus qu’une.

Un nouvel album qui se révèle particulièrement jouissif. Limite opera-rock une fois de plus. Oui, certes, ami grincheux, ils en font certainement trop à des moments. Mais on les aime pour ça. Et puis c’est tellement trippant qu’émettre une critique serait bien malvenu.

'The Fragile Army' est-il meilleur que les précédents, qui remplissaient déjà leur mission à merveille ? Peut-être pas. Ce nouvel album est-il le disque de l'année ? Sûrement pas.
Mais les questions ne sont pas là. Vous êtes déjà en train de sauter dans tous les sens, vous hurlez à tue-tête, vous faites du air-batterie avec un sourire jusqu’aux oreilles, et vous regrettez de ne pas avoir de toge blanche à enfiler pour aller au bureau. La semaine qui s’annonce vous semble déjà beaucoup plus courte que prévu. Et ce disque qui ferait danser le plus grabataire des hommes y est forcément pour quelque chose. The Polyphonic Spree quoi. Enfin un peu soleil dans un matin embrumé. (Sortie : 19 juin 2007)

Son : 
Myspace (dont la reprise de Lithium de Nirvana)
Site Officiel

Et deux morceaux, à écouter jusqu'à plus soif (
malheureusement plus en ligne).

Et histoire de bien finir ce post, le très bon clip de Running Away (single évident de l'album) composé de 70 000 photos, mises bout à bout : (malheureusement plus en ligne).

lundi 22 octobre 2007

Track of The Day (16-22 octobre 2007)

Un soupçon d'électro dans un monde de pop cette semaine. (et toujours en écoute dans le lecteur deezer, à droite).

Lundi 22 octobre 2007 :
* The Cinematic Orchestra - To Build a Home (feat. Patrick Watson) [Ninja Tune]
To Build a Home a Patrick Watson en featuring, à la voix. Et c'est assez déroutant. Car c'est tout sauf du Cinematic Orchestra. Ça se rapproche même beaucoup plus d'Anthony et de ses Johnsons. Mais ça n'en reste pas moins totalement magnifique.
(disponible sur Ma Fleur # 2007)

Dimanche 21 octobre 2007 :
* Shannon Wright - Defy This Love [Vicious Circle]
Alors que PJ Harvey vient de sortir un album d'une douceur à tomber, la grande Shannon Wright a fait la même chose... mais huit mois plus tôt. Defy This Love n'est peut-être pas totalement représentative de l'album, mais dans le genre à tomber à la renverse, elle se pose là quand même.
(disponible sur Let In The Light # 2007)

Samedi 20 octobre 2007 :
* The Little Ones - Lovers Who Uncover [Branches]
Leurs artworks ressemblent à ceux des Shins. Leur musique ressemble à celle des Shins. Mais ce ne sont pas les Shins. Juste les Little Ones. Et c'est bien sympa aussi.
(disponible sur Sing Song Ep # 2007)


Vendredi 19 octobre 2007 :
* Tom Brosseau - Dark Garage [Fat Cat]
L'an passé, Tom Brosseau a sorti un bien joli disque, passé totalement inaperçu avec pourtant un petit délice de Dark Garage, en plein milieu, complètement Dylanien, et pas uniquement à cause de l'harmonica. Largement recommandé.
(disponible sur Empty Houses Are Lonely # 2006)


Jeudi 18 octobre 2007 :
* Mùm - They Made Frogs Smoke 'Til They Exploded [Fat Cat]
Nouvel album pour Mùm, sans les sœurs Vlatýsdóttir pour la première fois (je sais, c'est dur pour tout le monde : il en restait une et elle a préféré partir elle aussi). Un disque plus optimiste, plus enjoué et moins dramatique que les précédents, symbolisé par ce They Made Frogs Smoke 'Til They Exploded très réussi.
(disponible sur Go Go Smear The Poison Ivy, Let Your Crooked Hands Be Holy # 2007)

Mercredi 17 octobre 2007 :
* Tobias Fröberg - Love & Misery (feat. Ane Brun) [Poptones]
Ce disque, de 2006, on en reparlera dans ces pages (un jour). Mais c'est une merveille. Et ce morceau, en duo avec Ane Brun est... pfiou. Même plus que ça encore. Le mélange des deux voix, le texte. A faire pleurer même les plus endurcis.
(disponible sur Somewhere In The City # 2006)

Mardi 16 octobre 2007 :
* Clark - Ted [Warp]
Petite pépite de son 'Body Riddle' de l'an passé, Ted est un petit bijou d'électro efficace et nappé dans tous les sens.
(disponible sur Body Riddle # 2006)

dimanche 21 octobre 2007

[Oldies] The Four Seasons - Genuine Imitation Life Gazette (1969)

Pochette hideuse. Montage foireux et moche. Tronches de premier de la classe. Et tenue ridicule. C’est vrai que si l’on s’arrêtait à l’artwork de ce 'Genuine Imitation Life Gazette', il y aurait de quoi partir en courant.
Mais vous allez quand même rester. Déjà, vous êtes des lecteurs bien élevés. Et surtout, cet album des Four Seasons mérite le détour. Et même bien plus que ça : il demande des écoutes régulières pour en savourer toute la teneur.

Nés sous le nom de The Variatones (nom qui changera quatorze fois au fil des échecs !) en 1953, sous l’impulsion de Frankie Valli et Tommy De Vito, The Four Seasons débutent véritablement leur carrière en 1961. Car oui, malgré près d’une dizaine d’années d’échec pour la bande de ritals du New-Jersey, où ils finirent par ne plus être embauchés que pour faire les chœurs sur divers albums d'autres artistes, leur carrière est pourtant loin d’être catastrophique.

Loin des exemples présentés dans ces pages les semaines précédentes, les Four Seasons, eux, ont connu le succès, ont enchaîné les tubes aux Etats-Unis (quatre numéro un au total, 24 titres classés dans le top 30 du Bilboard entre 1962 et 1975) allant même, en 1964, jusqu'à être le seul groupe à enrailler (le temps de deux semaines seulement) le débarquement prodigieux de la Beatlesmania au pays de l’Oncle Sam (leur titre Dawn (Go Away) étant le seul titre non-Beatles du top 5 du Bilboard de l’époque). Bref, un groupe, une aura et une place de choix dans le cœur des américains (les Four Seasons n’ayant jamais percé en Europe).

En janvier 1969, alors que les Fab 4 viennent de sortir leur 'White Album' et s’apprêtent à mettre un 'Abbey Road' dans tous les bacs de la planète, les Four Seasons décident de changer de cap. De tenter une nouvelle aventure discographique. De se remettre en question. Et de devenir enfin ambitieux. Finie la pop un peu mièvrasse et formatée. Adieu vieux succès. Et bonjour pop psychédélique ; et donc 'Genuine Imitation Life Gazette'.

A l’écoute de cet album, impossible de ne pas penser aux Beach Boys, aux Zombies, aux Kinks de Ray Davies, aux Beatles (la fin de 'Imitation Life Gazette' est d’ailleurs un gros clin d’œil à Hey Jude, sorti quelques six mois plus tôt) ou même au Love d'Arthur Lee.
Les chœurs, la classe des mélodies, les morceaux à trois ou quatre temps, la justesse de la voix de Frankie Valli, les renversements constants, les paroles inspirées (la critique de la société de consommation de l’époque), tout y est. Le tout avec, en plus, une propension plus importante aux grandes envolées lyriques (on n’oublie pas son passé comme ça).

Non, ce disque est essentiel en cette année 1969. Et a totalement sa place parmi le quintet des sixties : 'Pet Sounds', 'Odessey and Oracle', 'Sergent Pepper’s Lonely Heart Club Band', 'The Village Green Preservation' et 'Forever Changes'.

Malheureusement, si ce changement de carrière est artistiquement juste et évident, c’est une berezina commercialement parlant. Le succès continue, inlassablement, de les quitter, l’album est un bide complet et le groupe ira se perdre et s’enterrer chez Motown pendant quelques années, avant de renaître, de temps à autres, au gré de rééditions - qui se font de plus en plus rares (la dernière de ce disque là, chez Rhino, est tout simplement introuvable aujourd'hui).

The Four Seasons restera quand même, en tout cas à mes yeux, un grand groupe. Car sortir une œuvre comme 'Genuine Imitation Life Gazette', inventive et ambitieuse, n’est pas donné à tout le monde. D’ailleurs, Paul Mc Cartney doit nourrir le même avis, lui qui s’inspirera (« pompera sans vergogne » serait plus juste) des parties piano (notamment) de American Crucifixion Resurrection pour composer son chef d’œuvre, Nineteen Hundred and Eighty Five. Comme quoi...


Première sortie: 1969 (Rhino)
Dernière réédition: 1995 (Rhino)



Ce disque étant particulièrement introuvable (en tout cas à un prix décent), voilà trois morceaux en écoute: Genuine Imitation Life, American Crucifixion Resurrection et Mrs Stately's Garden. Miam miam miam :

 

jeudi 18 octobre 2007

Pierre Lapointe - La Forêt des Mal-Aimés [Audiogram]

Alors que je suis toujours en pleine replongée dans les disques sortis l'année dernière, parlons un peu musique francophone avec ce deuxième album du québécois Pierre Lapointe, 'La Forêt Des Mal-Aimés'.

Ah, je vous vois venir: « Oula, québécois, mon dieu, au secours, Céline Dion, Natasha St-Pier, Hélène Ségara (oui, non bon, elle, elle est française. Mais elle pourrait être québécoise vu ses facilités en beuglement), Garou, j'en rajoute deux qui nous font 100 et je vous rends trente ». L'inconscient collectif français est en effet implacable : un canadien qui parle notre langue est québécois. Et un québécois qui chante dans la langue de Molière, ça rappelle invariablement les produits du dessus.

Et pourtant, en une écoute (même distraite) de cette Forêt des mal-aimés, on se rend vite compte qu'on a tout faux. Et que les préjugés c'est bien. Mais qu'il faut savoir les laisser tomber. Car cet album de Pierre Lapointe est loin, très loin, de la variétoche qui submerge depuis dix ans toutes les ondes radios de l'hexagone (ah, heureux peuple allemand).

Là, on parle de songwriting. De concept album. De belles chansons. De chouettes arrangements. De production impeccable (et intelligente !). De textes délicieux. D'une voix qui ne s'efforce pas à hurler tous les trois pieds.
Ce Pierre Lapointe (dont le genre musical n'a rien à voir avec son homonyme français des années 50) a un talent dingue. Et aligne en une heure environ des compositions tantôt tubesques (Deux Par Deux Rassemblés et ses violons sautillants, L'endomètre Rebelle voir plus bas), tantôt pop (Qu'en Est-Il De La Chance?), tantôt introspectif (25-1-14-14, bijou de tendresse, tout au piano).

Les cordes, les textes, la voix (avec ce léger accent qu'on sent poindre tout au long du disque) et surtout ce piano, fer de lance du disque, tout cela tient sacrément la route. Et 'La Forêt Des Mal-Aimés' s'avère rester, même un an après, comme le meilleur album francophone de 2006. Une galette qui redonne foi en la patrie du caribou. (Sortie : 11 septembre 2006)


Son:
Myspace (non officiel mais avec quatre titres en écoute, dont deux de cet album là)
Site Officiel (album en écoute en streaming mais dans une qualité très moyenne).

Et sinon, deux titres parmi mes favoris, dont Le Lion Imberbe, littéralement à tomber (
malheureusement plus en ligne).

Le clip de
Deux Par Deux Rassemblés, absolument kitsch (malheureusement plus en ligne).


mercredi 17 octobre 2007

Tim Hecker - Harmony in Ultraviolet [Kranky]

Allongez-vous. Fermez les yeux. Vos paupières deviennent lourdes. Très lourdes. Rainbow Blood vient de lâcher ses premières notes et déjà, vous sentez comme un cocon ouaté vous entourer. Cette sensation va durer près de cinquante minutes. Et rien ne pourra vous extirper de cette douce torpeur.

Vous venez de mettre dans votre lecteur 'Harmony in Ultraviolet' de Tim Hecker, producteur de son état, qui a sorti l'an passé son quatrième album studio. Encore une « vieillerie » donc. Et pas une nouveauté. Car en ces temps où le temps pour écrire une chronique sur un disque récent manque, en ces heures où rendre la TVA trimestrielle de la société pour laquelle vous trimez est plus important que n'importe quoi, en ces moments où le rhume s'en va mais revient vite, rien de mieux que de se recentrer sur certains des disques essentiels des mois derniers ; des albums que l'on connaît par coeur.

C'est le cas de cet 'Harmony in Ultraviolet', énigmatique et entêtant. Un album fait pour nous bercer et nous permettre de nous évader, le tout en 15 morceaux, tout en apesanteur, qui finalement ne font qu’un. Une suite continue de cinquante minutes.
Une seule et même variation, lancinante, sur fond de crachin sonore, qui ne s’atténue que très rarement (Harmony in Blue I), rendant alors encore plus saisissante la pureté de ce son sans aspérité. Parfois, le tout s’emballe un peu, essaie de s’échapper de ce carcan (Chimeras) mais retrouve bien vite le calme et la torpeur générale.

Ambiant, rêveur, minimaliste, noisy, charmeur, enchanteur, avec une part d’ombre délicieuse, 'Harmony In Ultraviolet' est une rêverie continuelle. Le disque parfait pour entrer dans la nuit. Voire pour en sortir. Laissez vos yeux fermés. Appuyez sur lecture à nouveau. Et recommencez le voyage au pays de Tim Hecker, un artiste « dronement » fascinant. (Sortie : 17 octobre 2006)


Il est beaucoup plus intéressant d'écouter l'album d'une traite. Mais comme ce n'est pas possible, deux morceaux (malheureusement plus en ligne).

mardi 16 octobre 2007

Kwoon - Tales and Dreams [Autoproduction]

A chaque année son disque de post-rock. En 2004, je m'enflammais pour le premier album des anglais de Souvaris (voir par ailleurs leur dernier opus), en 2005 pour Golevka des Suisses d’Evpatoria Report (vite la suite!).

Et l'an passé, retour en France avec un disque d’un sacré personnage dont on ne sait pas (c’est volontaire) grand-chose finalement. Ce disque, dans mon rangement bi-annuel de ma collection, je suis retombé dessus ce week-end. Et j'ai eu l'envie irrépressible d'1) le réécouter et de 2) de vous en parler, au cas où vous seriez passés à côté.

Kwoon. Un nom bien étrange. Un leader qui l’est tout autant, très évasif, qui préfère sans doute (et sûrement même) laisser la place à la musique qu’à sa propre personne. Écrit en 18 mois, puis enregistré dans la foulée avec une petite troupe pour faire vivre ses compositions, 'Tales and Dreams' est une sorte de premier voyage initiatique dans le monde fabuleux du post-rock, mais pas que, musiques planantes et pop atmosphérique passant de temps à autres dire bonjour.

Rehaussé d’un artwork naviguant entre noirceur et onirisme (un booklet splendide, le mot n’est pas trop fort, aux couleurs vives et fascinantes : le genre de truc qui redonnerait foi en « l'objet disque » à des générations de téléchargeurs forcenés), ce 'Tales and Dreams' propose dix compositions originales absolument ahurissantes de classe, et qui laissent présager au groupe un avenir des plus radieux.

Dix titres donc, plein de mélancolie, de spleen et de rêverie où l’on croise un piano lugubre, des guitares aux montées saignantes, une batterie puissante, juste et, de temps à autres une voix plaintive, qui plane au-dessus de la mêlée. Un disque qu’auraient pu enfanter les Cyann & Ben (la référence est criante) et Explosions In The Sky sous le patronage discret de Mogwai et de Sigur Ros.

Bien sûr, on ressortira Blue Melody, bijou de six minutes (voir plus bas), aux deux parties presque égales, qui se termine en une montée lente et douce, où les accords de guitares sont successivement rejoints par un xylophone et une batterie feutrée – qui s’affirme au fil des temps –, avant qu’un violon ne décide à lancer l’assaut riffeur final d’une guitare aiguisée à la perfection.

Mais on n’en oubliera pas pour autant les magiques I Lived On The Moon (le clip est à voir ABSOLUMENT au bas de cette chronique), The Beast, Eternal Jellyfish Ballet ou Kwoon (voir par ailleurs bis), qui conclue, en forme de synthèse réussie, cet album qui l’est tout autant.

Ni plus ni moins qu’un enchantement continu, ce disque (autoproduit !) est une entité parfaite, de l’artwork aux paroles, de la musique à l’ambition créatrice. Un must have 2006. Voire même plus.
Keep On Dreaming appelle le groupe à la toute fin du livret. Qu’il se rassure : ce n’est pas avec ce disque qu’on va arrêter. (Sortie : avril 2006)

Son:
Myspace (trois titres en écoute).
Site Officiel

Deux morceaux parmi les plus beaux de l'album. Ce Blue Melody quand même... (
malheureusement plus en ligne).

Et puis pour finir, la splendeur: le clip de I Lived On The Moon. Déjà que le morceau est un bijou, que dire du clip. Quelle merveille. Et tout est autoproduit. Bordel, ce mec est un génie :

 

lundi 15 octobre 2007

Track of The Day (9-15 octobre 2007)

Une semaine entre balade folk, reprise intimiste et rock nerveux. Slurp. (et toujours dans le lecteur deezer, à droite)


Lundi 15 octobre 2007 :
* The Flaming Sideburns - Loose My Soul [Bad Afro]
Dans le genre « très grand album rock des 10 dernières années », je voudrais ce 'Hallelujah Rock 'N' Rollah' qui s'ouvre par ce bonheur de titre qu'est Loose My Soul. Retombé dessus aujourd'hui par le plus grand des hasards, en rangeant mes disques. Quel panard!
(disponible sur Hallelujah Rock 'N' Rollah # 2001)

Dimanche 14 octobre 2007 :
* Sons & Daughters - Johnny Cash [Ba Da Bing]
Avant d'aller se fourvoyer avec un vrai premier album insipide, les Sons & Daughters savaient écrire de bien bons morceaux nerveux et rythmés. Leur « tube » Johnny Cash le prouve.
(disponible sur Love The Cup # 2003)


Samedi 13 octobre 2007 :
* Bracken - Heathens [Anticon]
Échappé de Hood, Bracken (aka Chris Adams) sort son premier album solo chez Anticon, rappelle à notre bon souvenir 'Cold House' et pond un Heathens entêtant.
(disponible sur We Know About The Need # 2007)


Vendredi 12 octobre 2007 :
* José Gonzales - Teardrop (Massive Attack cover) [Peacefrog]
Le Suédois à guitare revient avec cette reprise de Teardrop de Massive Attack. Plutôt très réussie (quoique, tout dépend de l'humeur) et tranchant franchement avec l'originale.
(disponible sur In Our Nature # 2007)


Jeudi 11 octobre 2007 :
* Julie Doiron - I Left Town [Jagjaguwar]
La délurée Julie Doiron a sorti cette année un album en tous points charmant, comme ses prédécesseurs, déjà délicieux. Sur celui-ci, on trouve ce très joli I Left Town, sur lequel on aurait bien vu passer Jeffrey Lewis.
(disponible sur Woke Myself Up # 2007)


Mercredi 10 octobre 2007 :
* M. Ward - Cosmopolitan Pap [4AD]
Faisant suite à l'excellent 'Post-War' de 2006, ce 'To Go Home Ep' contient un Cosmpolitan Pap bien troussé comme d'habitude par le beau brun américain, qui semble enregistrer tous ses disques dans les années 50.
(disponible sur To Go Home Ep #2007)


Mardi 9 octobre 2007 :

* Grant Lee Phillips - Age Of Consent (New Order cover) [Zoë]
L'an passé, le talentueux Grant Lee Phillips a sorti un album de reprise, tout en acoustique (ou presque). La relecture d'Age of Consent de New Order est un petit délice à écouter le matin au réveil et le soir avant d'aller faire dodo.
(disponible sur Nineteeneighties # 2006)

samedi 13 octobre 2007

[Oldies] Erma Franklin – Soul Sister (1969)

Quand on réfléchit bien, les années 60/70 sont en tous points semblables aux années 2000 : des artistes qui trustent les premières places des charts et une ribambelle de groupes peu ou pas connus qui sortent des albums qui ont tout pour devenir des classiques mais qui n’obtiennent pas la reconnaissance du public à cause de campagnes de promotions défaillantes et/ou inexistantes et tombent dans l’oubli de l’histoire de la musique avant de, parfois, retrouver la lumière du jour grâce à quelques complétistes passionnés.

La différence aujourd’hui reste toutefois qu’il est beaucoup plus facile de dénicher les pépites oubliées qu’il y a 40 ans. Internet est passé par là. Et a définitivement tout changé. Imaginez : il y a encore quinze ans, qui aurait eu l'occasion de mettre la main sur le second et dernier album d’Erma Franklin, passé à la postérité pour une poignée de chanceux en 1969 ? Pas moi en tout cas. Ce 'Soul Sister', je l’ai découvert via un sujet « Black Music » sur un forum composé de passionnés. Et dès les premières notes, j’en suis tombé amoureux.

Comment un tel disque n’a-t-il pas pu marcher ? Où le bât a-t-il blessé ? Du fait de la trop grande aura de sa petite sœur Aretha, grande chanteuse soul devant l’éternel? Parce qu’Erma Franklin enchaîne les reprises (dont une qui a du chien de Light My Fire des Doors) les tournants à sa sauce en évitant de remplir son album de compositions originales ? Parce qu’elle a osé toucher à Son of a Preacher Man, titre magnifié par Dusty Springfield la même année, dont elle sort pourtant une version d’une classe édifiante ? Parce que la concentration, à l’époque, de ce genre d’albums était beaucoup trop forte et que certain(e)s ont du, bon an mal an, se mettre sur le côté pour laisser passer les grosses locomotives lancées à toute vapeur ? Ou plus simplement parce qu’elle avait signé sur un label – Brunswick pour ne pas le nommer – qui ne savait pas (les fous !) comment promouvoir ce genre de musique ?

Un peu tout ça à la fois en fait. Et pourtant. 'Soul Sister' est un bien beau disque et qui mérite mieux que de garnir les fonds de tiroirs de l’histoire de la musique noire américaine. Peut-être pas un album essentiel, peut-être pas un chef d’œuvre. D’autres on fait mieux. Certainement.

Mais tout de même. 'Soul Sister' est un régal pour les oreilles. Bizarrement, plus que l’organe vocal d’Erma Franklin (qui ne se détache pas des canons de l’époque même s’il reste dans le très haut du panier), c’est surtout la musicalité, les arrangements et la production du disque qui frappe : un piano dans tous les coins, des cuivres qui s’embrassent pour ne former qu’un seul et même son, des chœurs d’une justesse affolante.
C’est tout cela à la fois Erma Franklin : de la soul, du rythm'n'blues, des ballades soulful, des tubes pleins la besace (You’ve Been Canceled, voir plus bas) et une pincée de funk pour donner encore un peu plus de goût.

Juste une artiste, peut-être pas du niveau d'Aretha, au talent indéniable et qui savait s’entourer. Décédée dans presque l’anonymat le plus complet en 2002, Erma Franklin a emporté avec elle son petit moment de gloire à elle - elle fut la première interprète de Piece of My Heart, titre qui deviendra LE tube de Janis Joplin - ainsi que ce 'Soul Sister'. Un disque pas essentiel mais vraiment attachant. Le genre de petites douceurs qu’on aime écouter de temps à autres. Et même plus souvent que cela.

Première sortie: 1969 (Brunswick)
Réédition: 2003 (Vampi Soul)

Allez, histoire de faire les choses bien, trois morceaux: By The Time I Get to Phoenix, You've Been Cancelled et Change My Thoughts From You. Parce qu'il faut célébrer Erma Franklin. Trois bijoux que beaucoup, hier comme aujourd'hui, auraient aimé chanter.



vendredi 12 octobre 2007

Top 6 "Emilie"

Je ne sais pas ce qu'il se passe en ce moment, mais à chaque album que j'écoute, j'y trouve une chanson sur le prénom Emilie. J'y ai vu comme un signe du destin. Comme si on essayait de me faire comprendre que « oui mon petit -Twist-, il est temps de consacrer un top6 à ce magnifique prénom » (qui, ce qui ne gâche rien, est le prénom de ma petite sœur).

Emilie donc. Ou Emily. Un prénom qui a donc souvent trouvé grâce aux yeux des songwriters (AMG en recense plus de 500 !). Parmi la ribambelle de chansons titrées ainsi, j'en ai choisi six. Que voici.

La plus connue est bien évidemment See Emily Play, le saint-graal de l’œuvre Barret-ienne et de ses amis les Flamands Roses, qui n'a toujours pas pris une ride, écrite à l'ombre d'un joint saupoudré de LSD.
Histoire de faire les choses en grand, enchainons avec le magique A Rose For Emily des Zombies (dont on reparlera bientôt dans le coin) avant de faire un détour par la chanson française via Arnaud Fleurent-Didier et son premier groupe/nom de scène Notre Dame. Son Emilie l'a dit est une succession de clins d’yeux, de Gainsbourg à Brel, et surtout ravive une certaine idée de la (grande) chanson française.

On continue de tracer le même sillon avec Joe Dassin et Les Yeux d'Emilie, très beau morceau par un des artistes les plus sous-estimés de toute l'histoire de la chanson française (j'insiste, j'assume et me moque des ricanements). Ce que n'est pas Adam Green, sorte de crooneur pop déjanté et songwriter foutraquement talentueux, aux paroles toujours bien senties, qui pond là un Emily délirant et efficace.

Enfin, et pour finir sur une note plus douce, j'avais initialement pensé à For Emily, Whenever I May Find Her de Simon & Garfunkel. Et puis Erwan de The Man Of Rennes Steals Our Hearts (merci à lui) a parlé d'Emily de la délicieuse Joanna Newsom dans son commentaire. Comment ai-je pu oublier ce sublime morceau ? Alors, comme il n'y a que les idiots qui ne changent pas d'avis, je remplace le morceau des folkeux new-yorkais par ce titre là.

Bref, au final un top6 assez sixties (à croire qu'à l'époque, les grands de ce monde s'étaient donnés le mot) avec deux petites perles françaises, une burlesque ritournelle américaine et un titre grandiose, avec harpes et tout le toutim. Et un top qui évite Keane et Elton John, qui eux aussi ont composé sur Emily.

(Toutes les chansons, n'étant pas disponibles dans Spotify, youtube est mon ami)






Tracklisting :
Pink Floyd - See Emily Play (See Emily Play - 1967)
The Zombies
- A Rose For Emily (Odessey and Oracle - 1968)
Notre Dame
- Emilie l'a Dit (Chansons Françaises - 1998)
Joe Dassin
- Dans les Yeux d'Emilie (Les Femmes de Ma Vie - 1978)
Adam Green
- Emily (Gemstones - 2004)
Joanna Newsom
- Emily (Ys - 2006)









jeudi 11 octobre 2007

Moonman - Necessary Alibis [Greed Recordings]

Un uppercut en pleine pommette. Une fracture nette de l’œil droit comme disait l’autre. Ce disque n'est rien d'autre. Un petit chef d’œuvre, ni plus ni moins ; un qualificatif choisi tout sauf à la légère.

Mooman donc. Et un deuxième album, datant de 2006, pour cet amiénois, après un premier essai electro-pop en 2003. Ici changement de registre : on passe à un indie-rock des plus efficaces qui soit. Les guitares et la basse sonnent justes, la batterie est évidente. Quant à la voix, même si on se rend vite compte que notre homme est français avec ce non-accent qui nous est cher, elle n’est pas du tout gênante, une production soignée et subtile permettant de ne pas se focaliser sur celle-ci.

Naviguant entre Sebadoh (periode 'Harmacy'), Blonde Redhead (les premiers albums du groupe sont ici une référence évidente) et même Sonic Youth – ce, aussi bien dans leurs albums les plus « pop » (ou les moins rock) que dans leurs passages les plus déstructurés et bruitistes (la quadrilogie impressionnante de Team of Secret Rivals en est l’exemple parfait), 'Necessary Alibis' aligne les mélodies entêtantes et les riffs mémorables, que Moonman rehausse parfois d’un cuivre ou de quelques cordes du meilleur effet avant de partir faire quelques rapides excursions du côté du post-rock.

En parler un an après sa sortie a t-il toujours un sens? Oui. Cent fois oui. Mille fois oui. Déjà parce que ce disque, même s'il a été très bien reçu par les webzines (essentiellement) qui l'ont chroniqué, n'a pas connu de succès fulgurant.

Mais surtout parce que ce 'Necessary Alibis' est une claque monstrueuse, même douze mois plus tard. Une preuve que l’indie-rock de qualité et qui sonne juste n’est pas que l’apanage des anglo-saxons. Et qu’en France, il existe des alternatives à un rock français, qui n’arrive pas à se dépêtrer de l’ombre toujours omniprésente de Noir Désir. (Sortie : 10 septembre 2006)

Son :
Myspace (album en grande partie en écoute)

Et comme on n'est pas chien, deux titres en écoutes là aussi (malheureusement plus en ligne).

mercredi 10 octobre 2007

Panda Bear - Person Pitch [Paw Tracks]

Noah Lennox est un être singulier. Outre le fait d’être une des têtes de proue du combo déjanté Animal Collective, il est surtout un jeune homme avec une vision artistique assez fascinante. Barrée certes. Mais fascinante.

Plus connu sous le pseudonyme de Panda Bear (son animal favori qu’il aimait dessiner sur les premières demos qu’il enregistrait), il sort en 2002 un premier album assez introspectif, chez Paw Tracks déjà (label formé par le groupe), 'Young Prayers', en guise d’exutoire après le décès de son père. Une belle réussite, bourrée d’acid-folk torturé et qui aime partir de traviole (et pas qu'un peu).

Trois ans plus tard, Panda Bear s’échappe une nouvelle fois de la confrérie animale le temps de 45 mns, et s’en va sortir son deuxième effort solo, à la pochette renversante, sorte de Sergent Pepper des années 2000 (en parfaite adéquation avec l'album et que l'on s'amusera à détailler plus souvent qu'à son tour).
Cette fois-ci adieu, introspection et minimalisme ; bonjour pop déglinguée, psychédélique et pastorale en même temps, faite d’écho, de reverb’, de chœurs et de touches expérimentales.

Composé de sept morceaux proposant chacun de longues mélopées répétitives et ingénieuses, 'Person Pitch' n'est pas le disque le plus accessible du monde. Certes. Mais il a un pouvoir de séduction assez fou.
Il donne surtout l’impression d’assister, discrètement caché dans le noir au fond d’une vieille église désaffectée, à une jam entre les Beach Boys, Syd Barrett et Animal Collective, tous trois défoncés au LSD sauce champignons hallucinogènes.
Une sorte d’expérience assez déroutante, limite mystique par moment, mais qui se révèle au fil des écoutes tout aussi essentielle que passionnante. Et prouve surtout qu'en cette année 2007, tout ce que touche Panda Bear se transforme en or. Au moins artistiquement parlant. (Sortie : 20 mars 2007)

Son:
Myspace (deux titres en écoute)

Et deux titres ici aussi, parce que. Prenons le temps, faisons chauffer les champi et c'est parti (
malheureusement plus en ligne).


Tiens, le clip de Bro's. Dans le genre barré... Oh, je crois que je viens de voir un panda rose voler :



mardi 9 octobre 2007

Alberta Cross – The Thief & The Heartbreaker [Fiction]

Et si après le revival des années 80 (Editors, Interpol et toute la clique), le revival de la fin de l'âge d'or du punk (on redécouvre les Clash, on vénère Wire, ce genre de choses), ne serait-on pas en train de tomber dans une sorte de retour aux années 70s, l'époque bénie des « riffs longs comme le bras » et des solos de guitare plus « plus c'est long plus c'est bon » ?

Déjà l'an passé, les amis de Midlake avaient tracé la voie avec un très joli 'The Trials of Van Occupanther'. Cette année, Alberta Cross prend la suite avec son premier album 'The Thief & The Heartbreaker'. Mais de façon différente et moins mélodieuse toutefois.

Malgré ce que l'on pourrait croire avec le nom du groupe, pas de hurleuse au micro. Juste un groupe composé de quatre londoniens, aux coiffures et aux barbes vintage, mené par l'écriture et la voix de Petter Ericson, qui sait particulièrement partir dans les aigus quand il le veut (assez souvent) et qui a une voix très féminine et/ou androgyne, même s'il en fait parfois un peu trop.

Un disque entre blues, roots et rock, avec des guitares dans tous les coins – tous ! –, un orgue qui passe dire bonjour de temps à autres, le tout mis au pas par une batterie sans génie mais pas indigne plus, disons classique à défaut de mieux.

Alors oui pour aimer ce disque, il faudra aimer le Neil Young des seventies, celui qui pouvait pondre des titres comme Cowgirl in the Sand, en claquant des doigts. Il faudra aussi aimer The Band (mais qui n'aime pas The Band hein ?). Bref, il faut aimer les morceaux avec de la gratte dans tous les sens.

Parfois, on n'est pas loin de l'overdose à l'écoute de ce 'The Thief & The Heartbreaker'. Mais les Alberta Cross ont eu le bon goût de sortir un premier effort assez court (à peine 28 mns pour sept titres). Et c'est appréciable.
L'odeur d'alcool frelaté et de clope froide, ça fait son petit plaisir. Surtout quand ça faisait longtemps. (Sortie : 2 avril 2007)

Son :
Myspace (trois titres en écoute)

Histoire de bien faire les choses, et comme promis, deux jolis titres. Affûtez les médiators! (
malheureusement, plus en ligne).

Et pour finir, le clip de
Lucy Rider :